L
es sociétés contemporaines doivent faire face à des phénomènes aussi inconnus qu'étranges : les distorsions. Ces dernières apparaissent sans crier gare et provoquent des fusions entre les espèces et les objets qui y pénètrent. Les victimes de ces évènements sont surnommées les Mazarians (néologisme dérivé du verbe mazaru signifiant mélanger ou fusionner). Toshiro et Momoko sont deux lycéens rejetés par le système scolaire. Le premier vit seul depuis le décès de son père qui lui a appris l'art du sabre. Il sèche les cours et cherche à se battre dès que cela est possible. La seconde est harcelée par des filles de sa classe. Un après-midi alors qu'elle cherche son chat, elle tombe nez-à-nez sur Toshiro en piteux état errant en caleçon. C'est à ce moment précis qu'une distorsion surgit...
Les éditions NaBan enrichissent leur catalogue avec ce manga de Sakumo Okada. C'est la première fois que l'auteur est publié dans l'espace francophone. Son trait est précis. Les différents protagonistes ont un aspect visuel plus asiatique que dans la plupart des titres mainstreams. L'artiste apporte quantité de détails aux décors, en particulier ces paysages urbains visibles d'en-haut lorsque Momoko saute. Ceci contribue à ancrer le récit dans un cadre réaliste. Les moments d'action sont également appréciables grâce au style graphique mais aussi à un découpage les mettant en valeur sans que cela éclipse sur le déroulement de la trame narrative.
Présenté comme une histoire surnaturelle, le récit mêle plusieurs thèmes chers au mangaka. Les lecteurs se laissent prendre, au fil des pages, par la quête identitaires des deux personnages principaux. Progressivement, le voile sur leur passé respectif se lève peu à peu pour donner quelques bribes d'informations. Il en est de même lorsque le dessinateur utilise à nouveau le cadre scolaire pour expliquer l'origine des Mazarians. L'école est un espace très souvent représenté et critiqué dans le manga et c'est encore le cas. Cependant, Okada use aussi des codes propres aux tranche de vie et de scènes comiques afin de ne pas alourdir son histoire. L'ensemble fonctionne et donne de la cohérence à l'intrigue.
Les otakus lassés par les rééditions seront conquis par cette nouvelle mini-série au ton plus social qu'il n'y parait de prime abord. Mazarian est une lecture agréable et prenante.
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