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aëlle et Romain Guitry ont adopté Wajdi, un réfugié yéménite âgé d’une dizaine d’années. Le couple découvre cependant un gamin colérique et violent. Démuni, il souhaite mettre un terme à l’expérience. Lorsque fiston comprend que ses nouveaux père et mère remettent en cause leur choix, il fugue. Dévorés par les remords, ils le recherchent dans les rues de Nantes. Et c’est à peu près tout.
Les repentirs constitue la deuxième partie du second cycle de la série L’Adoption. Faisant suite à Wajdi, lequel proposait une réflexion sur la filiation, ce second volet paraît minimaliste et répétitif, voire ennuyant. Il y aurait certainement quelque chose à dire sur des parents qui, d’abord pleins d’espoir et de bonne volonté, finissent par baisser les bras. Les questions de l’échec et de la culpabilité auraient également gagné à être approfondies. Elles le sont un peu, notamment lorsque la grand-mère donne une leçon de vie à sa fille ; ces quelques pages se montrent d’ailleurs les plus significatives de l’album. Le point de vue du petit serait lui aussi important, mais, manque de pot, il ne parle pas la langue de Jules Verne. Il a toutefois un regard éloquent.
Le dessin semi-caricatural d’Arno Monin est joli ; très expressifs, les acteurs affichent des bouilles sympathiques, tous semblent du reste fondamentalement gentils, même si certains se révèlent plutôt moches. Les couleurs, généralement douces, renforcent un projet rempli de bons sentiments.
Un beau sujet. Il aurait toutefois été intéressant que le récit se déroule sur plusieurs mois, voire quelques années et que le cheminement des personnages soit plus graduel. À cet effet, la conclusion apparaît abrupte et peu crédible.
Le premier tome s'était achevé avec la fugue de Wadji suite à la trahison de sa famille adoptive d'accueil qui n'avait pas supporté son comportement colérique et violent. Il faut dire que cet enfant n'avait connu que la guerre, les nombreuses privations et surtout la perte tragique de sa famille d'origine avant de connaître un parcours d'exil à travers l'Afrique.
Visiblement, cette famille bourgeoise n'était pas prêt à subir toutes les conséquences de ce lourd passé qui a laissé immanquablement des traces. Bref, quand le monde des bisounours bobos rencontre une certaine réalité de la souffrance humaine, cela peut ne pas toujours coller. Il faut savoir que 7% des enfants adoptés dans notre pays finissent par être à nouveau confié aux services sociaux. On parle alors d'échec d'adoption. C'est malheureux.
Bon, cette seconde partie va tout de même se terminer dans un happy end dans la joie et la bonne humeur après avoir fait monter la tension dramatique. Le dénouement apparaît presque comme pas très crédible mais on l'accepte aisément au vu des circonstances car on a envie que cette famille puisse trouver sa stabilité. La bienveillance finit par payer.
Le dessin est impeccable dans son exécution. J'aime beaucoup les couleurs également qui donne un peu de peps à cet album feel good.