F
usible : personne ou objet permettant une transmission entre deux éléments ou assumant une responsabilité intermédiaire.
Il en sera question par la suite.
Georges et Abel sont deux gamins qui grandissent dans une ville en guerre. Elle ressemble à Beyrouth, même s'il n'est jamais clairement indiqué qu'il s'agit bien de la capitale libanaise. La débrouille y règne en maître et pour les deux garçons et leur copine Sarah, c'est un terrain de jeu un peu particulier. Ils s'imaginent super-héros sauvant la ville, mais ils ne sont que des gosses.
Trente ans plus tard, Georges est resté, s'investissant sans compter pour faire bouger les choses. Abel est parti. Il a tourné le dos à "tout ça". Il a même changé de prénom. Il s'appelle désormais Alain et ne veut plus entendre parler de son pays d'origine, toujours rongé par l'instabilité. Il rejette les demandes répétées de sa fille Billie, ado volontaire et curieuse, qui veut découvrir ses racines et enfin rencontrer son grand-père. Lorsqu'il reçoit la visite de son ami d'enfance, il est noyé sous les nouvelles, les anecdotes, les souvenirs... Pourtant, il ne peut être question pour lui de revenir. Là-bas, c'est "n'importe quoi", trop dangereux pour une fille. Comme le dit l'adage, il ne faut jamais dire jamais...
Dans ce récit en quatre temps, Joseph Safieddine propose une belle réflexion sur l'identité, le déracinement et la transmission. Partir implique-t-il de revenir ? Est-il possible d'occulter d'où on vient et effacer cet héritage ? Comment assurer le lien entre les générations lorsque la langue n'est plus commune ? Porté par le trait souple et expressif de Cyril Doisneau, Les Fusibles frappe par sa sensibilité et sa justesse.
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