Q
uelque part sur Terre, dans un futur indéterminé. Morgan n’avait que dix ans lorsqu’il a perdu ses parents. La vie est difficile, mais deux décennies plus tard, il arrive à se faire une petite place au soleil, jusqu’à ce que la mafia lui impose de régler la dette léguée par papa et maman. Il n’a pas un sou ? Peu importe puisqu’il a l’option de rembourser les bandits en vendant ses organes. Il se réveille de l’opération avec un tube qui lui sort de la nuque et une force herculéenne. Sans-papier et destiné à un rude travail en usine, il s’évade avec Lisa, dernière représentante d’une espèce humaine à la longévité exceptionnelle.
Toryumon Takeda dévoile une société reposant sur l’exploitation, notamment une forme d’esclavagisme et la prostitution ; ces enjeux renvoient évidemment à des problématiques contemporaines. Les complotistes seront du reste heureux de découvrir que les délinquants collaborent chaleureusement avec des industriels et le gouvernement ; tous trouvant leur compte dans l’abus de races dites inférieures.
Les protagonistes, innocentes victimes d’une machination infernale, sont évidemment attachants et la scénariste n’hésite pas à ajouter une couche de bons sentiments en leur confiant un bébé, lequel ralentit leur fuite.
Le rythme de ce premier tome d’une série annoncée en quatre volets apparaît lent. Le climat et le contexte sont intéressants, mais il se passe fondamentalement peu de choses dans ce livre comptant plus de 200 pages. Cela dit, la conclusion en forme de retour dans le passé surprend agréablement et ouvre de nouvelles perspectives. Ce volume initial semble d’ailleurs avoir essentiellement pour fonction de poser les bases d’un univers et de présenter les personnages, reste à voir quelle direction prendra l’aventure.
David Le Quéré traduit le texte en adoptant un langage populaire convenant bien au projet. Cependant, alors que la langue d’origine est le japonais, le lecteur se demande pourquoi formuler en anglais certaines indications en têtes de chapitre : « 20 years later… », « To next episode… » ou encore « To be continued…» censées le guider à travers le livre. Ces annotations accentuent du reste le côté feuilletonesque de la saga.
Le dessin semi-réaliste en noir et blanc se montre relativement sommaire. Multipliant les angles, les plans et la forme des cases, l’artiste impulse un certain dynamisme. Les acteurs ont toutefois tendance à surjouer et l’expression des émotions manque de subtilité. Curiosité : aucune onomatopée ne ponctue l’action, même dans les scènes endiablées.
Un manga qui sort du lot.
Ici, pas d'isekai ou de combats interminables.
Mais un mélande de road movie et de SF.
La violence est omniprésente, souvent insidueuse, jamais gratuite,. Elle sert intelligemment l'histoire.
L'excellent traitement des personnages principaux, malmenés à l'extrême par la vie, est inhabituel dans la production japonaise. Quel bonheur de lire un tome d'une traite sans impression de déjà vu !
A recommander sans modération.