À peine arrivé à la propriété d’été d’Oscar, qu’il faut déjà tout planifier. Mollie et les siens sont peut-être plus en sécurité pour attendre la fin de la crise globale en cours, mais leurs réserves ne vont pas durer éternellement. Allocation des tâches, organisation et garder les yeux ouverts. En effet, le voisinage a beau avoir l’air calme, des visiteurs indésirables ou mal attentionnés sont toujours possibles…
Suite directe de La grande panne, L’enfer, c’est les autres ! change de focale et se concentre uniquement sur les premiers jours de l’installation du sympathique clan (au sens large) dans sa retraite bucolique. Exit la problématique générale, le pourquoi et le comment de l’effondrement de la société, bienvenus les petits tracas de tous les jours et les relations difficiles, voire belliqueuses, avec des voisins pourtant dans le même bateau. Autant dire tout de suite, la tension baisse de pas mal de crans et les péripéties s’avèrent passablement anecdotiques. D’Un jour d’après inquiétant, l’ambiance passe à un mélange de Guerre des boutons mâtiné de Don Camillo (la religion en moins). Heureusement, l’écriture reste amusante et chaque personnage a droit à sa petite scène. Globalement, le ton et le rythme oscillent entre burlesque et sitcom familial sympathique. Simplement, passés les appels à l’écoute et au respect de l’autre, les intentions d’Olivier Jouvray demeurent un peu confuses. Comédie façon Les Beaux Étés ou Les vieux fourneaux ? Survival parodique ? Impossible de se faire une idée. Résultat, aussi enlevée qu’elle soit, la lecture tourne finalement à vide et déçoit, surtout au vu du potentiel aperçu dans le premier volume.
Visuellement, Benjamin Jurdic et Juliette Laude (aux couleurs) rendent une copie énergique et inspirée. La campagne, l’air frais et les vieilles pierres sonnent juste. De plus, malgré un canevas classique, la mise en page se montre très ouverte et souvent percutante (au sens littéral du terme). Autre point fort, la distribution, les nombreux protagonistes possèdent tous une identité graphique propre immédiatement reconnaissable et sont croqués avec malice et invariablement énormément d’humour et de gaîté.
Tome de transition (entre quoi et quoi ?), L’enfer, c’est les autres ! n’est techniquement pas raté, ni véritablement défaillant. Il lui manque cependant une direction claire ou seulement discernable. Espérons que ça sera le cas dans le prochain épisode.
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