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ue de Sèvres poursuit sa série de livres sur les philosophes marquants avec Libres de penser. Cette fois, les candidatures sont toutes féminines. De Cléobuline à Simone de Beauvoir, en passant par Christine de Pizan et Gabrielle Suchon, le recueil présente dix sommités qui se sont donné le droit de réfléchir. Cet ouvrage s’inscrit dans la continuité de la collection Philocomix, laquelle compte trois tomes.
D’emblée, le lecteur ressent un malaise, il a vaguement l’impression que ce livre constitue un prix de consolation. Après tout, les autrices et auteurs à la barre de ce projet, Jean-Philippe Thivet, Anne Idoux, Jérôme Vermer et Marie Dubois (cette dernière porte également la casquette d’illustratrice) n’ont pas plébiscité de femmes dans leur aréopage de trente humanistes retenus dans le trio d’albums originaux.
La formule est bien rodée ; chacune des sections présente les grandes lignes de la vie d’une théoricienne : présentation de la personne, ses écrits, sa philosophie et les lieux où elle s’est illustrée. Suit une biographie d’une quinzaine de pages ; les mots-clés sont stabilotés et le discours parsemé de « leçons » qui sont autant de faits saillants. L’érudit n’y apprendra pas grand-chose, mais le béotien découvre des personnes de caractère ayant marqué leur époque et, parfois, l’histoire du monde. Loin d’être rébarbative, la démarche demeure ludique et didactique.
La sélection se montre par moment étrange ; sans nier l’importance de leur action, Louise Michel se veut avant tout une activiste et Nathalie Sarraute une écrivaine. Il est du reste étonnant que les scénaristes passent pratiquement sous silence les contributions de penseuses n’appartenant pas à l’espace européen en général et français en particulier.
Le dessin relève de l’esquisse. Le trait apparaît simple et les décors généralement sommaires, laissant ainsi toute la place aux propos. Pour tout dire, les illustrations sont en parfaite osmose avec le texte. Certaines planches ressemblent à des infographies où l’information est synthétisée. Par ailleurs, des personnages présentés sous la forme d’étoiles (avec des seins) assurent un lien graphique entre les différentes sections ; ces bonshommes prennent régulièrement la parole pour souligner les éléments les plus importants.
Un livre à mettre entre les mains des esprits curieux. À lire un chapitre à la fois.
Le titre est dans une mouvance très en vogue actuellement qui me fait penser au succès du film « Barbie » que personnellement, j’ai bien aimé. Il s’agit de réhabiliter la place de la femme dans l’histoire de la philosophie.
C’est encore un domaine où l’on ne voit que des figures masculines tel que Platon ou Socrate. Il s’agit, non pas de réécrire l’Histoire, mais de dévoiler à la face du monde qu’il y avait également, dans l’ombre et l’oubli, des femmes qui avaient une tête pour penser sur les questions existentielles de l’humanité. L’intelligence n’était pas que réservée aux hommes.
Du coup, ce présent ouvrage nous présente le portrait de 10 femmes totalement inconnues au bataillon pour les mettre en avant dans une entreprise de réhabilitation. C’est comme si on entrait dans le monde de la cité idéale de « Barbie » avec que des femmes philosophes alors que la vraie vie est composée que d’illustres philosophes hommes.
Le débat peut faire rage et certains ne seront pas forcément à l’aise avec cette revanche des féministes. Il est vrai que malheureusement, la place des hommes a été prépondérante pendant des siècles dans le monde. C’est encore le cas dans une bonne partie des pays composant la planète où la femme doit se cacher ou se fondre dans le décor.
Moi, je suis assez sage pour tenter de comprendre et d’arrondir les angles. Il est vrai que la démonstration est assez intéressante sur le fond.
Sur la forme, cela ne sera pas forcément l’extase avec trop d’explications qui ne vont pas à l’essentiel comme pour remplir des pages ce qui explique sans aucun doute mon 3 étoiles. En effet, je n’aime pas trop les prises de tête malgré un véritable concentré de pédagogie sur le sujet.
Question plan graphique, c’est plutôt assez faible mais suffisamment démonstratif pour remplir son rôle à savoir lisible. Bref, le dessin ne rattrape pas vraiment le tout.
Les amateurs du genre apprécieront pour une lecture réparatrice. Les autres, ce n’est pas certain. Pour autant, il faudrait dépasser ce clivage. Mesdames, je vous conseille de l’offrir à tous les hommes mais je ne suis pas sûr qu’ils liront cette BD...