D
ans le coin gauche, les hominidés, Cro-Magnon et Néandertal, nos ancêtres. À droite, la Bible, la Genèse en particulier. Au centre, pour arbitrer la partie, Emmanuel Moynot, l’encre et la plume en main afin de confronter ces deux visions des Origines. Tous les coups sont permis, le mauvais esprit et l’humour «dans ta gueule» aussi. Soyez averti, ça va saigner.
Après le tout récent Cherchez Charlie (Sarbacane), le dessinateur de L’assomoir (Les Arènes) revient déjà sur les étales avec L’humanité de mes couilles, une farce acide sur fond de peintures rupestres et de peaux de bêtes mal ajustées. Adam, Ève, un serpent tentateur, l’histoire, souvent répétée les dimanches matins, est bien connue. Pas plus croyant que ça (et sans aucun doute encore moins), Moynot a imaginé une version comédie familiale populaire en accolant ces fondements religieux aux connaissances archéologiques. Cette opposition, déjà intéressante sur le papier, devient carrément jouissive à la lecture.
Dialogues anachroniques façon Alexandre Astier et niveau de langage Brèves de Comptoir de Jean-Marie Gourio, l’ensemble est évidemment emballé par la hargne et la noirceur habituelle de l’auteur de L’Original. Le résultat, en plus de n’épargner personne, s’avère parfaitement construit et rythmé en diable. Les répliques sont cinglantes, voire cruelles, mais jamais gratuites en dépit de leur outrance et de leur vulgarité toute primaire.
Là où La philosophie dans la savane (Rouquemoute) se prenait un peu trop au sérieux et proposait une lecture légèrement revêche, L’humanité de mes couilles se montre absolument hilarant, tout en ne se privant pas d’asséner ses quatre vérités, tant à la religion qu’aux mortels. L’équilibre entre colère et satire vitriolique est parfait. Peut-être pas le manuel de catéchisme à mettre dans toutes les mains, excellent exemple de BD bête et méchante de la plus haute intelligence, certainement.
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