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ésert de l’Arizona, 1959. Une série de meurtres atroces accable la petite ville de Red Creek. Les victimes, des membres des Premières Nations, des Chicanos et des Noirs, ne semblent pas particulièrement toucher le shérif Thompson. «Une attaque de bête errante» conclut-il à chaque nouveau corps déchiqueté découvert. Pas plus affolé que ça, le reste de la population acquiesce ou fait semblant de le faire. «C’est vrai que la région est très sauvage, il faut être prudent la nuit venue», que voulez-vous. Et la vie de reprendre comme à l’habitude dans ce petit coin perdu des USA. L’arrivée de Guiseppe «Johnny» Peccato, un détective privé pourrait changer la donne. Encore faudrait-il savoir qui l’a engagé et, surtout, pourquoi…
Ambiance téléfilm américain de fin de soirée à petit budget, Chico Pacheto et Corbeyran revisitent leurs classiques, alignent les stéréotypes et les poncifs du genre dans Red Creek Shuffle. Plus pastiche que parodie stricto sensu, ce truculent récit choral exploite allégrement, et dans la joie, tout ce que les séries B (ou Z) ont pu imaginer de personnages caricaturaux et de situations dramatiques forcées. Le privé revenu de tout, le policier acariâtre, le jeune premier naïf, la journaliste qui-ne-lâche-rien sont là, les seconds rôles obligatoires (la vamp, le garagiste, la patronne du diner,...) également. Quant à l’intrigue, évidemment cousue de fils blancs du calibre des câbles de téléphérique, elle se déploie tranquillement, un coup de suspens téléphoné à la fois. Sans rien dévoiler de critique ou de vraiment surprenant : complots et secrets d’État seront forcément au programme à un moment ou un autre.
Il faut flinguer Ramirez, Valhalla Hotel, etc., les histoires reprenant et détournant sans vergogne des références made in Hollywood sont légions et pas qu’en BD. La singularité de Red Creek Shuffle vient de la manière dont ses auteurs ont abordé leur affaire. Pas de surenchère ou de décalage extravagant, ainsi qu'une certaine humilité et du respect envers les anciens comme l’explique Pacheto dans la mini postface. Le but n’est pas de se moquer, mais simplement de s’amuser avec un spectacle haut en couleurs et échevelé. Cet objectif est parfaitement atteint : one liners détonants, bagarres et coups fourrés improbables, le lecteur en a pour son argent.
Œuvre à prendre pour ce qu’elle est – du pur divertissement –, réalisée avec attention et un certain panache, Red Creek Shuffle compense une originalité à géométrie variable (mais revendiquée) par une énergie et un plaisir de raconter plus que tangible. Une agréable curiosité à déguster en pleine connaissance de cause.
J'ai acheté cet album avec la promesse d'un bon petit polar.
J'aurais dû le feuilleter complètement avant de repartir avec.
Les dessins sont très agréables, même si le visage de la journaliste n'est pas fidèle de case en case.
Je peux passer ce détail, mais j'ai souffert en voyant les Dalton faire leur apparition, crié à l'arnaque en voyant des zombies venir combler le manque d'idées, puis avoir jeté cet ouvrage sur le mur en découvrant E.T. façon Pandi-Panda qui parle tout en fleurs.
Désolé, le mélange flic + second degré n'a pas pris.