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résilien né en 1957, Ricardo Leite a toujours été fasciné par la bande dessinée et cela malgré la difficulté de se procurer des illustrés dans son pays. Encouragé par des parents ouverts et compréhensifs, cette passion n’a cessé de s’épanouir au fil des ans. Devenu illustrateur, il tente même sa chance en Europe au début des années quatre-vingt, sans succès malheureusement. Un peu découragé, il se fait une raison et reprend sa carrière de graphiste. En 2013, suite à une visite du Musée Hergé à Bruxelles, il a une révélation. Certes, les circonstances ont fait que je ne suis pas un auteur de BD, mais la flamme est toujours en moi ! Une décennie plus tard paraît À la recherche du Tintin perdu, une «fantaisie autobiographique» dans laquelle il met tout sur la table : sa trajectoire personnelle, son amour total pour les petits miquets, un portrait historique du Neuvième Art au Brésil et bien plus encore.
Un coup de crayon parfaitement affûté, une connaissance certaine de l’histoire mondiale du Neuvième Art et un désir incommensurable de partager en dessins ses souvenirs et ses rêves non assouvis, Leite ne fait pas les choses à moitié. Généreux ouvrage aux planches riches et débordantes, voire étouffantes, l’album concentre des années de frustration et de bouillonnement. Touchantes anecdotes personnelles et familiales, défilement non interrompu d’auteurs célèbres (ainsi que de leurs héros), réflexions philosophiques plus ou moins pertinentes sur l’importance de réaliser ses rêves, etc., les vannes ont lâché, les digues aussi. Résultat, la crue est inarrêtable.
Outre cette quantité massive d’informations diverses et variées, s’ajoute une mise en image pas moins débridée. Découpage hallucinant (les amateurs de Paul Kirchner ou José Roosevelt vont apprécier), accumulation de détails et une caméra virevoltante jusqu’à la nausée, la lecture se révèle rapidement être éreintante. Tant la manière que le fond sont entremêlés toujours et encore au fil des pages. C’est comme si le dessinateur avait eu peur de ne pas réussir à caser tout son matériel dans la pagination impartie. Évidemment, comme le trop est l’ennemi du bien, le récit finit par se noyer sous les bonnes intentions et une générosité narrative flirtant finalement avec l'apoplexie.
Opportunité gâchée par une envie de bien faire trop forte ? Manque de recul ? Absence d’encadrement ou de suivi éditorial ? À la recherche du Tintin perdu rate le coche et n’arrive pas à sublimer et retranscrire adéquatement la faconde explosive d’un artiste longtemps refoulé. Dommage.
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