Éloïse n'en peut plus. Entre sa mère qui ne lui laisse pas un instant tranquille et le collège où tous sont en pâmoison devant Célie la peste de la classe et son monstre si « meugnon »... Heureusement qu'elle a Victor. Même s'il est un peu collant voire amoureux, il est ce qui ressemble le plus à un ami. Ensemble, ils tentent tant bien que mal de se faire une place dans leur bahut et de survivre aux grands qui les rackettent. Enfin, tout ça sera bientôt derrière eux, Éloïse ne va pas tarder à avoir son avatar et avec lui tout va changer, c'est sûr !
Repéré lors du concours des jeunes talents du festival d'Angoulême en 2019, Enzo Berkati a notamment collaboré au Journal de Spirou. Aujourd'hui, il publie sa première bande dessinée aux éditions Glénat. Avec son Mauvais monstre, le jeune auteur s'intéresse à la si douce période de l'adolescence : la rébellion face aux parents, le regard des autres, l'importance d'appartenir (ou non) à un groupe, l'effet de meute, l'entrée dans l'âge adulte etc. Sacré programme ! Pour dépeindre ce quotidien peu rassurant, il prend pour cadre un monde merveilleux où son héroïne, une jeune collégienne en marge de ses camarades, attend impatiemment que son monstre éclose. Pas franchement sympathique, Éloïse n'en est pas moins attachante. Cible privilégiée des railleries d'une partie de sa classe, elle traverse les heures de cours en espérant éviter les moqueries et les prises de tête.
C'est l'arrivée du compagnon tant attendu qui fait basculer la vie de la jeune fille dans une aventure folle où quiproquos, vengeance et complications vont s'enchaîner à un rythme soutenu, accrochant le lectorat jusqu'à la dernière scène. S'appuyant sur un trait rond atypique, à mi-chemin entre les cartoons Souvenirs de Gravity Falls ou Bienvenue chez les Loud et les BD franco-belges comme Les Nombrils, l'artiste puise dans sa vie pour brosser le portait des collégiens comme de ses décors. La colorisation flashy de Lisa Guisquier comme le travail sur le design des créatures apportent une identité forte au récit. Enfin, la mise en scène fluide, les dialogues incisifs et un sens de l'humour bien présent rendent la lecture très agréable
Très bonne surprise de ce début d'année 2023, Mauvais monstre marque l'entrée dans le neuvième Art d'un jeune auteur prometteur. Un album réussi qui appellerait bien une nouvelle aventure tant Éloïse, Machin, Célie et les autres forment un terreau intéressant à développer. Affaire à suivre...
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