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A près un sommeil séculaire dans une capsule de stase, l'héroïne se réveille faible et perdue, mais déjà attaquée par un monstre. En s'extirpant, elle remonte l'escalier et trouve le squelette de Batman assis dans un canapé. Le manoir Wayne est partiellement détruit, il lui donne la vue sur un personnage cauchemardesque. Qu'est-ce qui a bien pu se passer ? Diana n'en a aucun souvenir, pour le moment...

La relecture de Wonder Woman ne manque pas d'audace. Loin de rester dans ses petits souliers, au risque de se mettre à dos toute une communauté, Daniel Warren Johnson va jusqu'au bout de ses idées et de la nouvelle donne qu'il offre au personnage. L'influence d'Hubbard et de son Conan n'est jamais loin, surtout dans les deux premiers chapitres, mais aussi dans le dessin. Ne serait-ce que celui qui orne la couverture de l'album. Diana est vêtue d'une large peau de bête, les bras reposant sur le pommeau d'une large épée. Loin d'être glamour, son regard est sombre, limite vide, son nez est écrasé et son corps est maculé de sang. Le ton est donné, le récit va être violent ! L'héroïne devient, à son corps défendant, le seul rempart pour guider une communauté humaine vers la liberté, tout en cherchant à comprendre ce qui a pu se passer avant sa cryogénisation. Au fur et à mesure de l'aventure, son passé lui revient et va lui causer un énorme choc, tout comme au lecteur lorsqu'il lira ce qu'a réellement été le "Grand Feu". L'idée est carrément dingue mais géniale, la prise de risque est payante. Bien que post-apocalyptique, le récit ne s'éloigne pas vraiment des valeurs de la série, telles que son créateur d’origine William Moulton Martson les a voulues. Wonder Woman donne la part belle à la force des femmes, sans verser dans le wokisme bien-pensant, à leur aspiration, leur désir et leur volonté. De plus, il est aussi question de pouvoir et de la manière de le contrôler, ce que Diana apprendra avec effroi. En somme, le récit est plus complexe qu'il n'y paraît, ce qui est très satisfaisant.

Le dessin, quelque peu haché, renforce l'impression de sauvagerie de cet univers. Rien n'est policé ni plastiquement magnifié au contraire d'autres récits de super-héros. Ici, c'est crade, ça baigne dans les coups et le sang. Tout le graphisme va dans ce sens, y compris celui des créatures bien décidées à décimer les humains survivants. La mise en couleur de Mike Spicer souligne admirablement le trait de Warren Johnson. Il joue sur les ombres, les éclairages, tout en prenant un malin plaisir à saloper les couleurs des trois héros iconiques de DC.

La bande dessinée se termine par une galerie des couvertures de la version kiosque ou alternatives et un carnet de croquis préparatoires. Enfin, une petite interview croisée avec Jim Lee vient clôturer l'ensemble.

Un one-shot original et tourmenté qui tranche dans le vif la marvelisation de ce genre. Les fans de l'amazone seront surpris et les amateurs de bons récits ravis.

Par J. Vergeraud
Moyenne des chroniqueurs
7.0

Informations sur l'album

Wonder Woman : Dead Earth

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L'avis des visiteurs

    sebastien01 Le 25/07/2021 à 11:57:27

    Voilà un récit de Wonder Woman qui rebutera, ou à tout le moins étonnera, les lecteurs habitués aux scénarii de Greg Rucka, de James Robinson ou, plus récemment, de G. Willow Wilson et à l’esthétique classique que l’on y associe. La princesse amazone se retrouve en effet plongée dans un monde post-apocalyptique où tout le monde semble partir en vrille, y compris elle-même, et on a vraiment peine à la reconnaitre (Wonder Woman: Dead Earth 2020, #1-4).

    Jusqu’alors, je ne connaissais pas le travail de Daniel Warren Johnson, l’auteur complet de cet album. Il est sans doute appréciable qu’un éditeur puisse permettre à d’autres auteurs que ceux habituellement attachés aux séries régulières de proposer une autre version de leurs super-héros favoris, la collection DC Black Label étant destinée à cela après tout (et non à devenir un fourre-tout de rééditions…). Mais au contraire de Wonder Woman : Terre-Un, cette réinterprétation va trop loin à mon goût.

    Physiquement, Wonder Woman est plutôt trapue, a le nez d’un boxeur, les cheveux en pagaille et est habillée en haillons. Pour un personnage dont la plastique a souvent été primordiale dans les comics, cela surprend mais passe encore ; le type dessin brut, gras et relâché étant alors en accord. Mais c’est surtout le caractère de l’héroïne que je ne reconnais pas : Wonder Woman se bat constamment, manie l’épée avec la fureur de Conan le Barbare et déploie une violence – graphique – que je ne lui connaissais pas. Fallait-il par exemple nécessairement qu’elle arrache la colonne vertébrale de Superman ? Au-delà du personnage, le scénario en fait trop, notamment avec Cheetah et les Amazones transformés en de vulgaires monstres, et se conclut de la façon la plus bourrine qui soit. Très déçu de la proposition en somme ; si l’objectif était d’appuyer le côté guerrier du personnage, il y avait assurément des moyens plus finauds d’y parvenir.