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oine n'est pas vraiment ravi que son père le laisse chez ses grands-parents quelques jours. En plus de se demander où sa mère est passée, le garçon va devoir survivre aux récits ennuyants de sa mamie et éviter Gilbert, son grand-père. Lui, c'est un coriace, une force de la nature qui ne parle pas souvent - encore moins à Antoine -, qui passe son temps à chasser soit pour que sa femme cuisine, soit pour élargir sa collection d'animaux empaillés... Pour Toine, une seule solution, tenir jusqu'à ce que son père vienne le récupérer.
Après en diagonale (2018) et Greetings from Azur (2020), le nouveau récit de Simon Bournel-Bosson débute comme une chronique familiale, mais plonge rapidement le public dans une atmosphère lourde et tendue. Alors que le jeune héros côtoie sa grand-mère au quotidien, partageant avec elle sa routine, de la cuisine aux émissions TV en passant par le jardinage, son grand-père tarde à se dévoiler. Le stress qui étreint Antoine monte à mesure que l'homme se découvre. Sa passion pour la taxidermie notamment est l'occasion d'une séquence qui pose d'emblée une ambiance inquiétante. Cette sensation, loin de s'atténuer, est d'autant plus marquante qu'elle est appuyée par la colorisation : une bichromie changeante, vive, tantôt bleue-jaune, vert-rose ou jaune-orange.
Forcément, les deux protagonistes vont devoir passer du temps ensemble et c'est à cette occasion que le récit bascule dans le fantastique. La recherche des fameux champignons est l'occasion d'une immersion dans la forêt qui marquera le bonhomme. Un côté mystique qui désarçonne autant qu'il fascine. Malgré des proportions approximatives et quelques mouvements douteux, le trait de l'auteur et sa mise en scène se montrent assurés. Avares de textes, ses planches se tournent avec plaisir et fluidité, d'autant plus que le suspens se fait croissant jusqu'à la conclusion, ironique à souhait.
Surprenant autant dans sa forme que par son propos, Les Trompettes de la mort se dévore autant qu'il se lit. Un voyage déroutant dont les qualités masque les quelques défauts.
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Avec un dessin aux couleurs acides et saturées, "Les Trompettes de la Mort" est une escapade...en foret. Je dirais que le dessin est très bien maitrisé, dans un style carré, des traits de contour gras et des planches aux couleurs vives. La perspective est un point sur lequel s'est amusé son auteur, Bournel Bosson, pour proposer des plans originaux et dynamiques. En revanche, le scénario manque clairement de consistance pour le rendre captivant, les protagonistes parlent peu, tout est dans la contemplation. Le grand-père est un aigri de la vie, pourquoi ? J'ai l'impression que ça n'a pas d'importance, au final ce que veut cet œuvre, c'est qu'on apprécie l'instant présent, la vie et la nature, le récit ne cherche pas à changer ses personnages. Ainsi dans l'ensemble, ça sonne bien creux à mes yeux, dommage.