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a vie des peintres permet à la bande dessinée de flirter avec son illustre ainée. À défaut de se risquer à une quelconque comparaison, les albums sur le sujet permettent, parfois, d’entrevoir son empreinte, voire son emprise sur certains auteurs du 9ème Art. Il en est ainsi de Vénus à son miroir, avec une entrée pour le moins originale puisque c’est au travers de l’une de ses œuvres les plus singulières qu’il est possible d’évoquer l’un des maitres du baroque et probablement de la Peinture : Diego Rodríguez de Silva y Velázquez, dit Vélasquez de ce côté-ci des Pyrénées.
Vénus à son miroir, est le récit d’une parenthèse artistique, celle d’un homme qui échappe – pour un temps seulement - aux fonctions d’État qui le contraignent dans son art, emprunté qu’il est par l’étiquette la cour d’Espagne et le carcan de l’Inquisition.
Vénus à son miroir, est le seul « nu » de l’artiste sévillan parvenu jusqu’à nous et demeure, avec La Vénus d’Urbin du Titien ou bien encore La Naissance de Vénus de Botticelli, certainement une des œuvres magnifiant le mieux une certaine idée de la femme. Épuré, dépouillé de ses fioritures mythologiques, mais renouant avec les canons de l’érotisme hellénique, la puissance de cette représentation de la féminité réside, non pas dans ce qu’elle donne à voir, mais dans ce qu’elle laisse à imaginer.
Venus à son miroir pourrait faire figure d’album de niche pour amateurs de l’Histoire de l’Art, mais ce serait oublier, le solide scénario de Jean-Luc Cornette qui allie simplicité et fluidité pour se concentrer sur ces deux années italiennes afin de rendre compte d’une vie et faire découvrir une œuvre ! Sur cette fiction historique, Matteo opte pour la mise en abime graphique en reprenant largement l’iconographie du maitre ibérique. Optant pour la couleur directe, le dessinateur vénitien a su simplifier son graphisme sans pour autant transiger sur l’expressivité et une forme de précision, sauf en éclipsant nombre d’arrières plans. Ainsi, le périple italien du maestro espagnol est-il l’occasion, par le biais des collections Borghèse ou Farnèse, de la bouillonnante Rome ou de la virevoltante Flaminia Triva, de suivre le processus quasi démiurgique qui conduisit le portraitiste de Philippe IV à réaliser un tel tableau.
Vénus à son miroir est une occasion colorée et vivante de partir à la rencontre de la peinture, en général, et de l’un de ses plus grands représentants, en particulier.
Le peintre Diego Vélasquez se rend en Italie sur ordre de son roi Philippe V qui souhaite acquérir de nouvelles œuvres artistiques afin d'étoffer un peu sa collection et de démontrer qu'il est le plus puissant. Le maestro est accompagné par son esclave qui s'adonne également à ses heures perdues à la peinture en secret. Une fois arrivé à Rome, le pape Innocent X lui commande alors un portrait en échange de contact.
Il est question d'interdiction de peindre des nus en Espagne suite à la terrible Inquisition de ce XVIIème siècle. Vélasquez va profiter de son séjour en Italie pour peindre le fameux tableau de la Vénus à son miroir. Celle qui va servir de modèle sera également la maîtresse du peintre. Bref, il cède totalement à la tentation avec la bénédiction du Pape. On se rend bien compte d'une forme d'hypocrisie de l’église en ces temps-là.
Pour la petite histoire, une suffragette Mary Richardson va lacérer ce célèbre tableau exposé dans un musée londonien en 1914 pour attirer l'attention de l'opinion publique. Bref, la mode était déjà pour les activistes de saccager les œuvres d'art appartenant au bien culturel de l'humanité.
J'ai trouvé cet épisode de la vie de Vélasquez assez intéressant pour expliquer l'origine de son célèbre tableau. Les fans d'histoire d'art seront sans aucun doute comblés.
j'aurais aimé mettre une étoile de plus , s'il n'y avait pas eu certains dessins mal "conçus" et certains dialogues plats .Mais l'ensemble fait tout de même 90 pages et j'ai pris plaisir à suivre Velasquez dans son voyage à Rome ! et surtout voir comment ce grand peintre a peint ce fameux tableau ....