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iantre, dans quelle galère Monsieur s'est-il fourré ! Ah, parce que qu'il préfère les champs de bataille à la couche conjugale, Madame prend la mouche et se pique de vouloir l'humilier de façon ostentatoire en exigeant une démonstration de sa virilité en public ! Qu'à cela ne tienne, le marquis est là pour apporter son savoir-faire en la matière…
L'introduction donne le la : ce récit sera croustillant ou il ne sera pas !
Aurélien Ducoudray emploie un ton assez inattendu pour qui est habitué à ses ouvrages, plutôt sérieux et graves jusqu'à présent. Ici, l'humour ouvertement grivois est à l'honneur avec, à la base, un fait historique pour le moins étonnant : «l'épreuve du congrès». Cette pratique, uniquement française, a duré environ cent ans sous l'Ancien Régime. Elle pouvait être demandée par une femme en vue d'annuler son mariage pour cause d'impuissance de son mari. Le scénariste imagine une situation où le comte François de Dardille - en détresse -, fait appel à un spécialiste de la bagatelle pour le sortir d'un grand embarras : lui donner la solution pour honorer de manière vaillante sa jeune épouse et cela, devant une foule de témoins ! Le lecteur assiste ainsi à une sorte d'enquête, l'origine du pourquoi de l'absence de réaction pénienne. Bien qu'éminemment truculent et délicieusement irrévérencieux, l'ouvrage ne tombe jamais dans le vulgaire ou le graveleux et fait mouche à chaque fois grâce à un langage généreux en bons mots, finesse d'esprit et humour ambivalent.
Après son diptyque Le roi des Mapuche, Nicolas Dumontheuil revient dans la France d'antan, avec son architecture et ses costumes bien codifiés. Le graphisme dense et précis est habillé de couleurs pimpantes, le style caricatural fait merveille pour croquer les expressions des personnages.
L'impudence des chiens se révèle un excellent one-shot dans lequel la paillardise se trouve habilement et intelligemment mise en valeur à travers une histoire qui mettra de bonne humeur.
Le Comte de Dardille se fait du souci ! Beaucoup de soucis ! Le brave homme, militaire dans l’âme, mais retiré depuis peu des champs de bataille, est marié à une splendide comtesse, Amélie de Figule, qu’il n’arrive point à satisfaire comme il conviendrait à un époux afin ne fut-ce que de s’assurer une descendance qui puisse porter fièrement le nom des Dardille et le transmettre aux générations futures. Son épouse ne saurait imaginer sa vie sans donner naissance à des enfants… Et comme la procréation assistée n’est pas encore au point en ce siècle des lumières, son mari se doit de faire monter son « sabre » aussi haut et fièrement que possible pour ensuite décharger son patrimoine génétique dans la gente dame.
Celle-ci a donc fait appel au « Congrès ». Mais qu’est-ce donc ? C’est une épreuve où, sous l’œil de Dieu et d’un public, le mari doit prouver son « adresse à contenter bibliquement son aimée ». Dans le cas où il échouerait, le mariage est annulé et la femme, reprenant sa liberté, est libre d’épouser un autre homme.
Complètement désespéré, notre brave comte fait appel à un expert, le marquis dit « le Membré »… Allez savoir pourquoi !
Celui-ci va l’entraîner dans une quête afin de permettre au comte de faire jouer sa virilité et de réussir l’épreuve du Congrès haut la main, ou plutôt haut le…
Critique :
J’aime, quand après une lecture, j’ai le sentiment d’avoir appris quelque chose. Je n’en croyais pas mes yeux en lisant cette histoire de « Congrès », trouvant que l’auteur ne manquait pas d’imagination… Mais comme un petit doute me tenaillait (serait-ce possible, après tout ?) j’ai effectué quelques recherches… Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que le scénariste, Aurélien Ducoudray, n’avait en rien exagéré ! Je vous renvoie vers le site « Histoire pour tous », qui, mieux que moi, vous expliquera en quoi consistait cette pratique avec pour exemple, le cas du marquis de Langey. Ainsi donc, si l’histoire vous paraît croquignolesque, elle n’en repose pas moins sur une vérité historique propre à la France.
Vu l’époque, le langage employé fleure bon celui de Molière ou celui de Corneille et permet d’adoucir le propos qui aurait pu déraper fâcheusement et sombrer encore plus profondément que le Titanic, non dans l’Atlantique Nord, mais dans une sordide vulgarité.
Ce récit est aussi une dénonciation de l’hypocrisie propre à cette époque, la nôtre n’en manque pas, mais elle se présente d’une façon quelque peu différente.
La couverture donne le ton. Le trait, très caricatural et très cru de Nicolas Dumontheuil, n’invite pas à laisser de jeunes âmes innocentes poser leurs yeux sur des scènes de « débauche ».
Je ne me suis pas esclaffé en découvrant cet album qui contient des scènes assez parodiques, soit, mais j’ai été séduit par la découverte des mœurs de cette époque où la prostitution présentait, pour ceux qui en avaient les moyens, des mises en scène bien plus riches et variées que ce qu’on pourrait imaginer.
Une très belle découverte que je dois à Babelio et aux éditions Delcourt. Qu’ils en soient remerciés.
On va suivre les aventures un peu rocambolesque du Comte de Dardille qui aura fort à faire avec sa jeune épouse qui souhaite divorcer et obtenir vénalement la moitié de sa fortune à l'occasion d'un congrès où elle compte bien prouver l'impuissance de son mari. Il faut dire qu'entre guerroyer et faire l'amour, il faut choisir ! Pour certains hommes, c'est un véritable dilemme !
Cet ancien officier chef d'armée ne peut plus sabrer et il demande de l'aide à un marquis afin de trouver une solution. La mie est pourtant gracieuse, agréable à la vue et au toucher. Mais bon, cela ne veut pas.
L'auteur Aurélien Ducoudray nous avait habitué à des titres assez éloignés de l'humour et de la farce exceptée « Lucienne ou les Millionnaires de la Rondière » que je n'avais d'ailleurs guère apprécié malgré son hommage appuyé à la campagne.
En l’occurrence, on revient aux joutes jubilatoires d'un dialogue assez ciselé par rapport à des situations plutôt coquasses pour ne pas dire coquines. Bon point est accordé sur le fait qu'on ne tombe jamais dans le vulgaire bien que cela soit contraire à la bienséance. Bref, le scénariste ne s'est pas trop mal débrouillé cette fois-ci. Cependant, il faut aimer Molière, Racine et les jacasseries théâtrales.
Le dessinateur Nicolas Dumontheuil a fait un effort particulier sur le décor de cette France du siècle des lumières. Son style chargé et parfois tordu peut heurter mais je le trouve particulièrement réussi dans le trait et les couleurs. II garde toujours ce côté un peu excessif notamment avec les physionomies des personnages. C'est truculent et cela se marie bien avec ce genre de comédie.
Evidemment, je retiendrais avec délectation cette petite effronterie sans retenue ou cynique qui choque et qui indigne. Bref, ce n'est pas qu'une histoire de fesse qu'on confesse.