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Movie ghosts 1. Sunset, et au-delà

09/06/2022 2172 visiteurs 6.5/10 (2 notes)

J erry Fifth est détective privé à Los Angeles. Comme tous ses confrères, il traque les amants, retrace les enfants illégitimes et cherche les personnes disparues. Rien de bien exceptionnel. Il a toutefois un talent méconnu : il communique avec les célébrités mortes. Bien qu’elles demeurent dans un monde parallèle, elles confient au privé des missions dans le réel. Les âmes souhaitent alors soulager leur conscience, retrouver la passion ou réécrire des passages peu glorieux de leur vie.

L’enquêteur constitue une figure galvaudée à laquelle est généralement associé un tas de clichés (mal de vivre, solitude, whisky, cigarette, etc.). Dans Movie Ghosts, le personnage créé par le prolifique Stephen Desberg (qui a maintes fois fait ses preuves en matière d’énigmes, par exemple dans La Vache, Mic Mac Adam ou encore Tif et Tondu) est tout cela. La touche de fantastique ajoute toutefois une dimension inusitée alors que deux réalités habituellement distinctes trouvent un point d’interconnexion.

L’album s’articule autour de trois anecdotes d’intérêt inégal. Une première, plutôt linéaire, permet d’établir le profil du protagoniste ; une seconde explore une avenue inattendue et creuse davantage sa psychologie. Le récit prend toute son ampleur dans la troisième histoire, laquelle aborde le maccarthysme, une chasse aux sorcières ciblant les communistes qui a ébranlé Hollywood au début des années 1950.

Au-delà de la trame policière, le projet propose une réflexion sur le souvenir et le pouvoir. Issus d’un univers où ils maîtrisaient le narratif (à l’écran et dans leur vie), les défunts ne sont plus que les spectateurs de ce qui reste d’eux dans la mémoire collective. Grâce au don du limier, ils ont enfin la chance d’apporter des retouches à leur légende et de contrôler ce que la postérité retiendra d’eux.

Avec son trait réaliste, Attila Futaki (Hypnos, Le tatoueur, L’ange de Budapest) adapte en images le scénario, un peu comme s’il s’agissait d’un polar tourné au milieu du XXe siècle. Le héros respire l’assurance, ses clientes apparaissent magnifiques et les bagnoles obèses. Chaque séquence est composée d’une multitude de plans très brefs, agencés de façon à créer des planches aux compositions toujours surprenantes. Reposant sur des teintes foncées, la mise en couleurs, sobre et sombre, est en adéquation avec le propos.

Une excellente idée. Reste à voir comment tout cela se conclura dans le deuxième tome.

Par J. Milette
Moyenne des chroniqueurs
6.5

Informations sur l'album

Movie ghosts
1. Sunset, et au-delà

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    Erik67 Le 29/01/2023 à 10:52:52

    J'ai conscience que mon avis divergent va dénoter un peu de toutes les louanges à propos de cette BD mais j'assume entièrement.

    L'idée de Stephen Desberg était de remettre en lumière l'âge d'or hollywoodien en nous montrant également les espoirs déçus de certaines actrices ayant connues alors un destin funeste mêlé de trahison et de drame.

    Il met en scène un genre de détective Jerry Fifth qui croit pouvoir entendre les voix des morts qui lui causent. C'est en tout cas la théorie que lui souffle un homme travaillant pour les studios sur le comptoir d'un bar un soir de mauvaise nuit. Et le voilà embarqué dans une affaire assez sordide qu'il parviendra malgré tout à résoudre.

    La première partie étant terminée au bout de 30 pages, on enchaîne avec un autre mystère à élucider comme si de rien n'était avec toujours la même toile de fonds à savoir aider des âmes en détresse dans la cité des anges.

    On apprendra en fin d'album que l'auteur Stephen Desberg avait des parents qui ont contribué à la création de cet âge d'or avec notamment un père travaillant pour la puissante MGM.

    C'est sans doute parti d'une bonne idée mais qui au final ne s'est pas bien réalisée au niveau de cet album d'un ennui mortel où il manque beaucoup de cohérence et de consistance. Et puis, il faut dire que cela a été maintes fois exploité. On se souvient du film « Le sixième sens » par exemple. Au final, cela demeure assez stéréotypé.

    Il reste néanmoins une certaine ambiance et des plans de toute beauté avec un encrage aux couleurs froides qui nous parviennent à restituer l'atmosphère de l'époque dans une ville qui a tant fait fantasmer les gens. Oui, on est parfois rattrapé par les drames surtout dans le milieu du cinéma américain.

    Je dirai que cela peut convenir à des lecteurs qui s’intéresse aux âmes égarés des actrices hollywoodiennes. Pour ma part, je crois qu'il y a sans doute d'autres sujets plus importants dans le monde actuellement. Bref, une œuvre que j'ai trouvé décevante car confuse et ennuyeuse.

    Saigneurdeguerre Le 01/05/2022 à 15:09:22

    Los Angeles (USA).

    Je me nomme Jerry Fifth. Je suis ce qu’on appelle un « privé ». Je souffre d’acouphènes. Du moins, c’est ce que je croyais jusqu’à ce qu’un soir, dans un bar où j’attendais une femme qui n’est jamais venue, j’engageai la conversation avec un type qui ne buvait pas et parlait à des gens qui ne l’écoutaient pas. Il s’appelait Cornell. Il me dit, sans rire, que les voix que je croyais entendre étaient celles de fantômes… Oui ! Vous avez bien entendu ! Des voix de fantômes ! Des morts qui ne sont pas encore partis parce qu’ils s’accrochent ne voulant vraiment quitter ce monde qu’après avoir résolu ce qui les tracasse… Complètement barjot, n’est-ce pas ? Puisque j’avais ce don d’entendre les voix des morts, il décida de m’engager pour élucider la disparition de celle qui fut une célèbre vedette, elle avait son étoile sur le boulevard, et son le corps ne fut jamais retrouvé. Il était prêt à me payer une fortune pour que j’élucide sa disparition…

    Critique :

    D’habitude assez peu porté sur les fantômes, esprits et autres revenants, il a fallu toute la force de conviction de Gilles pour que j’achète cette bande dessinée. En regardant les dessins et les couleurs, je me disais qu’à défaut d’un scénario intéressant, j’aurais tout de même un livre d’art à me glisser devant les yeux car il faut bien reconnaître que le Hongrois Attila Futaki a un style unique où pratiquement chaque image est un tableau méritant un agrandissement pour être exposé.

    Bon, mais quid du scénario ? C’est très perturbant… Stephen Desberg rend petit-à-petit crédible cet univers où les fantômes sont perçus par le héros, Jerry Fifth, qui, lui, fait partie des vivants ! Il progresse dans son enquête grâce aux informations que lui rapporte son client… Mais peu à peu, notre brave détective commence à percevoir les fantômes, et ceux-ci lui confient des missions. Comme ils ne peuvent payer en monnaies sonnantes et trébuchantes, ils lui promettent de lui donner, en échange, des informations sur la disparition de ses parents que Jerry n’a jamais connus.
    Notre détective va connaître le grand amour avec… Oh, là ! C’est l’heure du thé ! Veuillez m’excuser, mais même si ce n’est pas ze Queen Elisabeth qui m’invite, ce serait grossier de ma part de la faire attendre…