Pinocchio (Boutle) 1. Comme une feuille au vent

C orinne Denoyelle et Arnaud Boutle ont relevé le défi, celui de s'attaquer au mythe de Pinocchio. La tâche n'était pas aisée, il y avait tant d'écueils à éviter, ne pas sombrer dans la parodie, ne pas succomber à la facilité de l'adaptation littérale, s'éloigner du dessin animé, pour se rapprocher du texte d'origine.

Les auteurs se sont donc basé sur ce que tout le monde connaît, l'héritage du maître est respecté. Tous les ingrédients sont présents, du pantin de bois à qui l'on donne la vie, au grillon en passant par le pays des jouets. Les différences viennent de la manière d'aborder le sujet. Cette version est fort éloignée de celle de Walt Disney, présente dans toutes les mémoires. Elle est plus sombre, le monde des hommes n'est pas prêt et n'accepte pas la différence et encore moins ce qu'il ne comprend pas, alors il est facile d'imaginer le sort réservé à un pantin de bois doué de la parole.
Pinocchio traverse donc les épreuves avec soit de la chance, soit un coup de pouce du destin, mais toujours sans comprendre la portée des évènements. Il est rejeté par les deux mondes dans lesquels il évolue : celui de la forêt car il parle, et celui des hommes parce qu'il n'est pas un pantin ordinaire.

C'est par un trait fin relativement épuré ainsi qu'une très belle mise en couleurs qu'Arnaud Boutle illustre sa nouvelle réalisation. Il alterne des pages sombres avec d'autres aux couleurs très chatoyantes. Le plus frappant reste la manière dont il joue avec les lumières et les ombres, la maîtrise s'en ressent fortement.

C'est donc un album modernisé et intéressant pour ceux qui souhaitent redécouvrir le mythe de Pinocchio traité avec plus de profondeur. Prévu en trois tomes, le cycle devrait confirmer cette impression agréable que laisse le premier.