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otham vit sous un régime de loi quasi martiale. Pour faire régner l’ordre, son maire, Christopher Nakano, tourne le dos aux justiciers autoproclamés qu’il juge hors-la-loi. Il met en place ses propres paladins équipés par Saint Industries. La ville en aura besoin puisque l’Épouvantail y sème la terreur. Jonathan Crane est persuadé que depuis des millénaires la société a réalisé ses plus grands progrès lorsqu’elle a voulu repousser la peur. Afin d’inviter le monde à se surpasser, il utilise des implants subliminaux provoquant la frayeur. Batman, dont le décès a été révélé prématurément, est particulièrement affecté par cette arme psychique.
Les albums du Chevalier noir sont souvent conçus comme une compilation de chapitres provenant de séries diverses. Il arrive que l’alchimie soit au rendez-vous, mais malheureusement pas toujours. Batman Tome 2 État de terreur 1re partie propose tout de même de jolies choses alors que l’homme chauve-souris semble démuni et vulnérable. Aussi, une nouvelle venue, Miracle Molly, une jeune femme sans histoire, convertie à l’action politique radicale, s’annonce intéressante. Par ailleurs, le scénariste fait écho à des enjeux actuels, notamment l’impact des fausses nouvelles diffusées sur les réseaux sociaux, le contrôle de l’information par les états totalitaires et le piratage informatique.
Il y a également une dose de n’importe quoi dans ce livre, par exemple Poison Ivy et quelques comparses vivant dans Eden, une forêt nichée dans les profondeurs de la métropole. Ou encore un long aparté sur l’enfance du Peacekeeper qui n’apportent pas grand-chose à la narration. Idem pour les pages consacrées à Nightwing. Au final, le projet de James Tynion IV ressemble à une courtepointe. Le montage est bien fait et le lecteur s’y retrouve sans mal ; il se demande cependant si les segments sont tous indispensables.
Les illustrations souffrent du même manque d’homogénéité et le passage d’un artiste à l’autre est parfois brutal. Ainsi, Jorge Jimenez dessine trois chapitres d’un trait réaliste, alors que le travail de Joshua Hixson et de Dani repose sur un coup de pinceau relâché, les aplats de ce dernier sont au demeurant très réussis. L’aficionado ne sera toutefois pas dépaysé, comme à l’habitude, les constructions de planches sont sophistiquées et les prises de vue spectaculaires se multiplient.
Un album pour les amateurs purs et durs ayant compris que ce recueil est le premier jalon de l’arc Infinite (décliné en douze séries), mais qu’il fait suite à Joker War, lequel conclut DC Rebirth.
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