C
e que beaucoup craignaient est en train de se produire. Le soleil ne réchauffe plus la terre. C’est à l’initiative de la Chine, alors plus grosse puissance mondiale, qu'un plan de sauvetage inédit et particulièrement spectaculaire s'organise : déplacer la Terre hors du système solaire grâce à d'immenses réacteurs à propulsion pour aller la placer en orbite d'une autre et nouvelle source de chaleur. Un voyage périlleux qui devrait durer 2500 années terrestres, en priant pour qu'il aille à son terme.
« Lorsque nos lointains descendants verront enfin la lumière d'une vie nouvelle, nos ossements seront depuis longtemps devenus poussière. »
Cixin Liu, écrivain de science-fiction très apprécié en République populaire de Chine, collectionne les récompenses. Le Science Fiction Galaxy Award Chinois (prix le plus prestigieux dédié au genre) lui a été décerné pas moins de neuf fois. D’autres très belles distinctions tout aussi importantes sont venues gratifier un travail reconnu tant par la presse que par le public, lequel a toujours répondu de la meilleure des manières. Son œuvre a été relayée par de nombreux supports audiovisuels, dont une plateforme de streaming et cinéma, preuve de son incontestable qualité.
Les éditions Delcourt qui ont décidé « d’importer » le contenu de ses romans pour les faire partager aux lecteurs de bandes dessinées, la tâche de retranscription étant confiée à une référence en matière scénaristique : Christophe Bec (West Legends, Olympus Mons). D’emblée, le ton est donné. Une catastrophe sans précédent guette le monde et seule une décision gouvernementale forte peut la sauver d’une extinction assurée et totale. Le récit, effrayant dans la mesure où il pourrait être anticipateur, relate l’exode de la planète toute entière. La narration se fait à travers le témoignage d’un homme, de sa plus jeune enfance jusqu’à sa mort. Les grandes étapes de cette gigantesque migration sont divulguées dans une sorte d'extraits de carnet de bord. Les bonnes idées futuristes fourmillent comme une constellation au service d’une trame qui tourne à l’intrigue. Le propos est enrichissant voire instructif car il est remarquablement étayé et appuyé par des démonstrations mathématiques ainsi que par de véritables données et termes scientifiques.
Peu à son aise pour dépeindre les faciès des personnages et les émotions ressenties, Stefano Raffaele (Deepwater Prison, Prométhée) tire son épingle du jeu sur les décors célestes et la plupart des arrière-plans qui parviennent à mettre en valeur l’ambiance anxiogène de l’histoire et de l’aventure hors du commun endurée par l’humanité. De plus, l’auteur bénéficie d'une pagination généreuse et de superbes dépliants s'étalant sur trois ou quatre planches pour exprimer toute l’étendue de son talent.
La réalité peut-elle rattraper la fiction ? C'est la question que pose cette première adaptation d’une série de quinze ouvrages. Avec une vision pessimiste dans son ensemble, La Terre vagabonde surprend et redonne de l’élan au genre.
Je découvre enfin le premier des adaptations des nouvelles de Liu Cixin en BD. Je dois dire que j'ai plutôt été très agréablement surpris. Il est vrai que je n'avais pas commencé dans l'ordre. Nourrir l'humanité ne dévoilait qu'une facette de l'immense talent de l'auteur chinois.
Pour ceux qui aiment la science-fiction, c'est une vraie mine d'or. Cela m'a véritablement donné envie de découvrir l'ensemble de son œuvre. Il est vrai que la terre vagabonde a fait l'objet d'une adaptation cinématographique en Chine ayant battu tous les records bien que je n'en n'avais pas entendu parler.
Certes, l'idée d'une planète qu'on pourrait manœuvrer à travers l'espace à la manière d'un vaisseau spatial semble totalement impossible même en ayant la technologie la plus avancée. Il y a clairement un problème de cohérence scientifique. Un astéroïde qui a frappé jadis la terre et a tué tous les dinosaures n'a pas bougé la terre de son orbite d'un seul iota. Alors, vous imaginez si on pouvait emmener la Terre dans la constellation du Centaure à 4,24 millions d'années lumières dans un voyage censé durer 2500 ans !
Mais qu'importe car on se laisse embarquer dans un voyage qui dépasse l'imagination même si cela ne sera pas de tout repos pour nos compatriotes humains survivants. L'histoire en elle-même semble cohérente et captive vraiment grâce au talent de l'auteur qui nous perd dans des considérations pseudo-scientifiques. Il y a plein de bonnes idées qui apparaissent comme novatrices.
Il y a des inondations suite à des tsunamis géants, des passages où il gèle et d'autres où il fait trop chaud, des irruptions volcaniques. Cela semble être un condensé de toutes les catastrophes. Il est vrai que les deux personnages principaux paraissent assez insipides face à un tel déploiement de force.
A noter qu'il y a des images visuellement magnifiques parfois étalées sur plusieurs pages qu'il nous faut déplier. Les moyens ont été mis par l'éditeur pour nous proposer un écrin de qualité. J'adore également la couverture qui paraît assez intrigante. Que dire également de la mise en scène qui est vraiment intéressante.
Au final, c'est un titre assez extraordinaire qui a su attirer mon attention. Quoiqu'il en soit j'ai passé un très bon moment en voyageant avec ma planète.
L'adaptation d'un médium à un autre est chose casse gueule et ici, je dois dire que Christophe Bec et Stefano Raffaele réussissent le pari avec brio. J'ai adoré cette adaptation d'un roman de l'auteur. C'est de la Science fiction, pratiquement de la Hard SF même si ça reste quand même plus abordable que le genre et moins technique que le roman qui passe des pages à décrire les péripéties de notre race dans le Futur. Ici, on sait que la Terre n'a qu'une seule solution pour échapper à la destruction et c'est assez original Souvent nous avons droit à une équipe qui part avec un vaisseau, ça part en vrille, ils atterrissent sur une planète et une fois sur deux, on découvre qu'ils sont dans le Futur et que c'est la Terre qu'il découvre dans un état lamentable. Ici, l'auteur, prend le pari de déplacer carrément la Terre, vous me direz pourquoi pas, mais c'est un poil surréaliste et pourtant jamais on trouve que c'est invraisemblable tellement l'auteur a tout prévu pour expliquer les choix de nos semblables et notamment ceux de notre héros. Le récit, bien que long, n'a jamais de temps morts et chaque planche apporte quelque chose à l'ensemble et à notre intérêt pour l'histoire. C'est excellent et les dernières pages sont une merveille de SF.
Les dessins sont excellents, certaines planches, certaines cases sont terrifiantes de réalisme dans la destruction opérée de notre monde. C'est limite si on n'a pas l'impression de vivre cela, actuellement, mais à échelle réduite vis-à-vis de celle de la BD. C'est vraiment un travail d'orfèvre et je dois dire que cela augure du bon pour les prochaines adaptations, en tout cas si vous voulez découvrir une SF un poil différente de celle de l'occident, vous pouvez foncer sur cette nouvelle collection, c'est une merveille.
Très bon album ! De la très très bon science fiction ! J'ai découvert Liu Cixin il y a quelques mois en lisant son roman "Le problème à trois corps", et quel plaisir ! Il a un vrai talent
L'histoire est très bien imaginée, et comme j'avais déjà pu le constater avec Le problème à trois corps, Liu Cixin pense à presque tout ! C'est très pointu, technique juste comme il faut, je pense que cela peut ravier les plus scientifiques parmi nous sans pour autant perdre les moins initiés parmi nous :)
Côté dessin je rejoins MAL75 juste en-dessous : Raffaele nous propose quelque chose d'encore plus intéressant (j'aime bien son dessin dans Olympus Mons et Deepwater Prison par exemple, mais c'est vrai que cela tire parfois trop vers le réaliste type photo. Je préfère quand le dessin reste un dessin..)
Très belle manière de lancer cette série de nouvelles indépendantes :) bravo à Christophe Bec qui a su scénariser cette histoire comme il sait si bien le faire !
Fan de science fiction, il me fallait tenter ce premier album de cette nouvelle série dont je ne connaissais pas l'auteur chinois.
Mention spécial réussite pour le dessin de Raffaele qui innove (oui ! incroyable !) en quittant son classique style réaliste pour nous proposer une oeuvre dans laquelle il succombe (pour notre plus grand plaisir) à un dessin plus intime. Une véritable réussite.
Coté scénario : c'est pas mal du tout, un rien grandiloquent, mais pas mal du tout. ça mérite d'être tenté !