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n mauvais rêve ? Une rencontre toxique ? Une succession de malchance ou quelque chose de plus grave ? Toujours est-il que Jérôme ne sait pas comment se sortir de la situation impossible dans laquelle il est empêtré. Babette est en furie ; qui ne le serait pas quand en retrouvant son fiancé au lit avec une autre ? Un examen de conduite encore raté, une cheville foulée en prime et une jolie inconnue dans les bras… Il y a des jours où il ne faudrait pas sortir de son lit.
Quarante ans déjà – la première apparition dans Spirou date de 1982 – que Jérôme K. Jérôme enquête, use ses baskets et la patience des moniteurs d’auto-école. Au-delà des chiffres et du jubilé, l’endurance, le talent et l’inventivité d’Alain Dodier sont à relever et à célébrer.
Dans Et pour le pire, vingt-huitième tome de la série, l’auteur a imaginé un récit pratiquement parodique (l’éternel question du mariage des deux tourtereaux, le permis de conduire, les inévitables scènes impliquant les amis du quartier) avec, en contre-champ, un drame bien réel. Habitué du fait (cf. Aïna, Mathias, par exemple), le scénariste réussit une fois de plus ce savant et délicat mélange entre les obligations d’un cadre connu et confortable avec un soupçon de réalité sociale. Rien de nouveau ? Oui et non. D’un côté, tous les ingrédients de JKJ Bloche répondent présents et, même s’ils font surtout sourire, ils s’intègrent parfaitement à la trame générale. De l’autre, l’intrigue se montre imparable et impeccablement mise en œuvre. Suspens et mystère sont là, passages attendus et clins d’œil entre amis aussi (Gully forever !).
Devenu un classique par la force des choses, Jérôme K. Jérôme Bloche réalise également la gageure de rester totalement connecté avec son époque. Ce véritable tour de force est particulièrement frappant dans Et pour le pire où sentiments refoulés et difficultés de vivre sont plus que jamais mis à l’épreuve. Là où certains titres s’enlisent et finissent par perdre leur identité, Dodier maintient le cap et suit sa route sans coup férir. Chapeau bas l’artiste !
Dessins et traits élégants, découpage tendu et maîtrisé associés à un scénario habile et parlant, Et pour le pire se révèle être une lecture addictive et prenante.
Autant j’avais moins accroché au précédent, autant j’ai adoré celui-ci ! Du mystère avec cette femme, du drame avec Babette, de l’humour avec l’examen de conduite, de l’aventure et de l’action… Prenant, tripant, drôle, tendre, vif, excellent !
L'enquête - si on peut parler d'enquête ! - est sans intérêt. Jérôme, le héro, et détective privé malgré lui dirait-on, se laisse embarquer dans une histoire sans queue ni tête, comme un bleu (il y a 28 tomes, tout de même, notre héro devrait avoir de l'expérience pour ne pas se faire avoir si facilement !)
Heureusement que les personnages sont adorables, de l'épicier du quartier, ami de Jérôme, en passant par Babette, la chérie du héro, allant jusqu'au héro lui-même, Jérôme K. Jérôme Bloche. Les situations (hors enquête) sont bien réfléchies, ce qui donne une valeur et sans doute le succès à la série.
Si je peux me permettre de donner un conseil à Alain Dodier, le créateur de la série "Jérôme K. Jérôme Bloche", serait de lui dire de travailler plus les enquêtes de son héro et de mettre moins d'humour dans les histoires.
A part les scènes comiques qui finissent par assommer, il nous reste pas grand chose à se mettre sous la dent !
Côté dessins, l'ensemble manque de détails. Les vignettes d'atmosphères ne sont pas sublimes. C'est bien dommage, puisqu'elles servent souvent à magnifier la planche et le travail du dessinateur.
Je n'ai lu que les tomes 27 et 28. Je découvre cette série, donc. Dans son ensemble, la série me semble moyenne.