C
e n’est pas un peu de neige – même à Marseille - qui va empêcher Karmela de faire une sortie avec sa filleule préférée. Des chaussures adaptées, un gros pull, son appareil photo pour des souvenirs et c’est parti. En chemin, un bourdonnement étrange attire l’attention de la détective. Des drones vont et viennent autour d’un immeuble, ils semblent repartir bien chargés. Un mode de cambriolage inédit ? N’hésitant pas une seconde, la jeune femme décide d’alerter la police. Celle-ci n’étant pas des plus réactive, Karmela prend les choses en main et entre dans le bâtiment afin de comprendre à quoi riment ces allées et venues...
Après une première enquête (Ramdam Blues) assez classique ayant permis de faire la connaissance de cette héroïne au caractère affirmé, Lewis Trondheim et Franck Biancarelli proposent une autre aventure de Karmela Krimm. Course poursuite de quarante-cinq planches, Neige écarlate offre une balade décalée à travers la Cité phocéenne sous le couvert d’un thriller haletant. Une personnage principale bien campée, un acolyte décalé juste ce qu’il faut, une intrigue joliment troussée et une avalanche de bons mots, le scénario et la distribution ne gagneront pas le prix de l’originalité. Entre Léo Loden, Maggy Garrisson (déjà de Trondheim) ou n’importe quelle série policière du service public, le genre a déjà généré une foule de cas et de flics/privés en tout point comparables.
Si ce nouveau titre ne se détache pas particulièrement du lot, son écriture et sa réalisation graphique solide rendent cependant ses pérégrinations prenantes et agréables à suivre. Globalement plus à l’aise que dans le tome précédent, Biancarelli démontre qu’il s’est totalement approprié cet univers narratif. Les actions sont fluides, la mise en scène tendue (cf. la cage d’escalier, le face-à-face final, etc.) et l’intégration des différents éléments (la ville, les véhicules, les protagonistes, etc.) plus harmonieuse. Dans sa tâche, il est très bien assisté par Walter dont les couleurs en demi-teintes accompagnent et renforcent avec ce qu’il faut de discrétion un trait réaliste des plus affûtés.
Pas vraiment une série noire, ni un roman policier psychologique, juste un bon petit polar dans l’air du temps, Miss Krimm est en charge et résout les mystères avec autorité et humour. Que demander de plus ?
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