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oss a profité de l'exil d’Harvey, parti se battre en Europe, pour s’approprier sa musique. Il en tire une comédie musicale à succès. De retour, défiguré, le militaire fomente sa vengeance en portant un masque fabriqué à l’aide d’une technologie développée par les nazis. Beau comme un Dieu, il s’impose rapidement dans le milieu du cinéma. Traumatisé par une enfance difficile et par la guerre, il est cependant victime de crises de démence. Heureusement que Jason, son ami et gérant, lui fournit de la morphine pour les tempérer. Mais que se passe-t-il pendant ses pertes de contact avec la réalité ?
Dans Vice & versa, Serge Le Tendre conclut La peau de l’autre, un polar ayant pour décor Los Angeles au milieu du XXe siècle. L’auteur se sert de ce cadre, où tout est factice, pour présenter une réflexion sur l’identité. D’abord celle qu’emprunte le comédien lorsqu’il incarne un personnage, mais également la posture du protagoniste qui s’affiche sous un faux nom et se cache derrière une prothèse dissimulant son visage mutilé. Pis encore, il souffre d’un dédoublement de personnalité. Cette exploration des différentes strates d’une âme fracturée est finalement plus intéressante que la trame policière un peu convenue, même si la conclusion est agréablement tordue.
Avec son trait réaliste, Gaël Séjourné pastiche habilement les clichés de l’âge d’or d’Hollywood. Starlettes voluptueuses, voitures et autres luxueuses villas sont au menu. Ses acteurs, souvent cadrés de près, ont tendance à surjouer leurs émotions, comme dans certains vieux films. Les illustrations demeurent dans l’ensemble plaisantes et la reconstitution de l’époque convaincante.
Un diptyque qui a tout pour plaire aux amateurs de Philippe Berthet.
La fin est très décevante, pas à la hauteur de l'attente et de ce qui pouvait être imaginé. Le scénariste était-il trop à l'étroit dans un diptyque ?
Ce second tome est du même tonneau que le premier, développant un récit qui capte l'attention du lecteur, lequel se trouve entrainé dans les lacets sinueux de cette histoire de vengeance à deux têtes. Le mystère s'épaissit à mesure qu'il se découvre, le scénariste cultivant habilement le doute dans l'esprit du lecteur. L'issue parait incertaine jusqu'à la dernière page; c'est assurément un atout dramatique.
Le dessin, quoique très classique, demeure toujours aussi plaisant.