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n 1931, Isamu Higata, 18 ans, est appelé sous les drapeaux en Mandchourie. Une blessure à la tête le ramène auprès des siens dans une colonie agricole de bénévoles japonais qui cultivent de quoi nourrir l’armée sur place. Quand sa mère contracte la peste, le jeune homme décide de tout faire pour acheter les médicaments susceptibles de la guérir. Ayant découvert par hasard un lopin de pavots, il entreprend de produire de l’opium. Mais, pour écouler la marchandise, il lui faut des alliés. C’est alors qu’il rencontre Lihua, la fille d’un des pontes de la Qing bang, une mafia locale. Ensemble, ils s’engagent sur une pente dangereuse, tandis qu’une unité dirigée par le cruel Keito Hasegawa mène une inquiétante chasse aux trafiquants.
En ce début 2022, les éditions Vega-Dupuis lancent un nouveau seinen au thème prometteur et qui n’est pas sans rappeler la série Breaking bad : Manchuria opium squad. Débutant de manière un peu théâtrale par la fin tragique de la dernière impératrice de Chine, opiomane notoire, le récit s’attache à suivre la trajectoire de son personnage principal à l’époque du Mandchoukouo, cet État fantoche à la solde du Japon (1932-1945).
Après avoir rapidement présenté le cadre et introduit les protagonistes, Tsukasa Monma, le scénariste, entre dans le vif du sujet et plonge son petit monde dans l’univers de la drogue et de son trafic. Bien que paraissant par moments forcées, les péripéties s’enchaînent et vont de pair avec des rencontres qui, chacune à sa façon, influent sur le devenir d’Isamu et de ses proches. Quelques figures historiques réelles sont intégrées à la galerie afin de conférer un vernis de réalisme, mais ce sont les adversaires fictifs qui retiennent l’attention, à commencer par le caporal Keito Hasegawa et son sous-fifre. Incarnations de la violence gratuite et des exactions en tous genres, ces derniers possèdent un côté caricatural, particulièrement souligné dans leur représentation graphique. Cette même exagération se retrouve dans le rendu des effets de la résine opiacée produite par le héros sur les consommateurs. À défaut d’y croire vraiment, cela a le mérite d’illustrer la qualité supposée du produit. Par ailleurs, ces quelques défauts n’entravent pas tellement l’envie prégnante de poursuivre la lecture jusqu’au bout et de voir comment les événements vont évoluer. Bien au contraire. De plus, le dessin de Shikako accompagne la narration de manière satisfaisante. Ses compositions possèdent une bonne dynamique, grâce à des cadrages aux angles variés qui renforcent la tension et les effets scénaristiques. Son trait est expressif et les personnages sont suffisamment bien caractérisés pour ne pas perdre le lecteur.
Malgré des bémols, ce premier tome de Manchuria opium squad tient la route et ne manque pas de titiller une curiosité. À découvrir en attendant la sortie du second volume prévue en mars.
Le Japon a envahi la Mandchourie dans les années 30 pour y former un gouvernement fantôme confié au dernier empereur de Chine qui a été déchue. La Mandchourie ne sera libérée qu'en août 1945 à la fin de la Seconde Guerre Mondiale.
Nous suivons le jeune Isamu Higata qui a perdu l'usage de son œil droit en terrain ennemi. Il se reconvertit en agriculteur pour exploiter un champ de pavot ce qui rapporte un pognon de dingue. Il est animé par le fait de vouloir sauver sa pauvre mère malade. Oui, la fabrication d’opium peut se justifier pour de louables raisons. Cependant, ce n'est pas un commerce comme un autre même s'il permet de gagner beaucoup d'argent.
Il est également assez incroyable que le parfum enivrant et doux de fleur de pavot à opium puisse ronger les corps en rendant véritablement accros les gens à cette drogue qui les détruit petit à petit. Ce sont bien là les fleurs du mal.
Visiblement, nous apprenons que les armées japonaises du Guandong n'ont pas envahi la Mandchourie pour rien mais bien pour faire prospérer le commerce de l’opium à leur profit. C'est un moyen comme un autre de construire toutes les logistiques de l'armée : routes, aérodromes, bases militaires.
Je suis également assez marqué par la cruauté de l'armée japonaise qui n'hésite pas à employer la torture ainsi que des méthodes pour le moins très violentes même à l'égard de ses propres soldats dans une discipline d'enfer.
Une jeune femme va s'allier avec notre jeune héros qui devient un peu chimiste malgré lui. Elle a l'ambition démesurée de contrôler le commerce de l’opium pour finalement contrôler ce nouvel état qu'est le Mandchoukouo. Visiblement, les troubles font que c'est un état fantôme à la merci de tous.
Le gros bémol de ce manga est une approche assez manichéenne qui ne rend pas vraiment le récit très crédible. Le larmoyant et la surenchère de violence ne font pas bon ménage.
Certes, cependant malgré ce manque de finesse, le sujet est quand même assez bien exploité pour retenir notre attention d'autant que la partie graphique avec son trait réaliste peut convaincre le lecteur. Il faudra aller au-delà du grossier et de la crudité choquante...
Au final, un titre assez intéressant pour découvrir un pan de l'histoire de cette région étroitement liée à cette drogue qui fait tant de mal au monde entier.