Les artilleuses 3. Le Secret de l'Elfe

L es artilleuses ont volé la sigillaire, une bague magique. L’histoire n’est toutefois pas terminée, car le bijou est convoité par les services secrets elfiques, prussiens et français ; rien de moins. Pour acheter la paix et passer l’éponge sur leurs lourds dossiers criminels, elles le rendent aux forces de l’ordre de l’Hexagone. Contre toute attente, le gemme se révèle être un faux. Et ça énerve pas mal de monde.

Voilà un beau point de départ pour relancer l’aventure. Cela dit, la trame narrative est accessoire. Fondamentalement, c’est l’univers mis en place par Pierre Pevel qui séduit. Un Paris de la Belle Époque où le garçon de café est un ogre et où un faune assis sur un banc de parc regarde déambuler les filles. Puis, il y a un rythme endiablé fait de poursuites en voiture, de bagarres sur le toit d'un train et de fusillades. Et, enfin, trois délinquantes attachantes et complètement déjantées. Mélangez tous ces ingrédients et vous avez un féérie drôlement chouette. Le scénariste semble s’être abreuvé à toutes les sources (Arsène Lupin, Fantômas et Les Brigades du tigre, mais aussi Harry Potter), tout en demeurant profondément original.

Et alors, ce troisième tome? Il respecte l’esprit des deux premiers : dynamique, joyeux et facétieux, sans pour autant être simpliste. Les personnages se multiplient, les alliances se font et se défont, tellement que le lecteur n’est pas toujours certain de savoir qui tire les ficelles. Pour tout dire, il gagnera à relire les deux premiers chapitres avant de se lancer dans cet ultime album à la conclusion satisfaisante, tout en laissant la porte grande ouverte pour des retrouvailles avec les pétulantes demoiselles.

Le dessin caricatural d’Étienne Willem contribue au bonheur du bédéphile. D’abord, les trois jolies héroïnes hyper expressives cabotinant du début à fin, sans oublier les acteurs secondaires avec leurs drôles de bouilles, puis le tout mignon Tiboulon, un chien mécanique d’inspiration steampunk. Ensuite, des décors fourmillants de détails sympathiques, ainsi que des scènes d’action découpées avec maestria, ponctuées de crissements de pneus et d’explosions de pétards.

Un excellent divertissement populaire, dans ce que cela a de plus noble.