L
e vent souffle toujours autant. Les marcheurs étaient conscients de la difficulté de la nouvelle entreprise, mais entre savoir et vivre… En effet, le passage aquatique se révèle encore pire qu'escompté : les tensions montent au fur et à mesure et l'intransigeance légendaire de Golgoth fait que le groupe ne tarde pas à se séparer. La lutte se fait sur tous les fronts : contre les éléments naturels et surtout, contre eux-mêmes.
Cette relecture du roman d’Alain Damasio continue d'impressionner par son audace, sa cohérence et son intelligence. Ce troisième opus est rude physiquement et moralement ; l'équipe souffre fortement, connaît de lourdes pertes humaines et surtout, le risque de scission semble au plus fort. Comme l'indique le titre, l'intrigue est ici centrée sur la traversée de cette terrible Flaque de Lapsane, c'est donc l’occasion d’un changement de décor général : les étendues sablonneuses calcinées par le soleil laissent la place à l'eau, pas moins hostile. Cet épisode est certes restreint géographiquement, il est néanmoins très riche dans l'évolution psychologique des personnages. Les nerfs sont à fleur de peau du fait de l'épuisement général et des situations extrêmes, les membres sont à bout, leur côté obscur s'exprime. Le meneur s'avère de plus en plus hermétique à toute conciliation, les clans se forment, l’égoïsme des uns s'oppose à la solidarité des autres. La narration retranscrit de manière parfaite ces dissensions et l'ambiance lourde et électrique qui menace d'éclater à chaque instant, comme un orage. Le travail d’adaptation d’Eric Henninot, à la fois dans sa fidélité et dans ses libertés, se révèle tout à fait satisfaisant.
Pour être en adéquation avec le ton du scénario, très sombre, la gamme de couleurs est réduite, se situant dans des tons minéraux et végétaux de verts, de bruns et de gris. Le rendu des composantes éoliennes est toujours remarquable, non seulement par les images mais également par les onomatopées. De belles trouvailles dans la représentation de certains éléments assez allusifs dans le roman (les éclairs de foudre figés du Corroyeur, Te Jerkka, le siphon…) émaillent les planches, pour le plus grand plaisir du lecteur qui se régale des détails, du découpage inventif et des plans bien choisis pour un dynamisme inhérent à cet univers bien particulier.
Voici une interprétation à la fois fidèle et libre de l'œuvre originale, qui confirme les qualités présentées lors des tomes précédents.
Lire la chronique du tome 1.
Lire la chronique du tome 2.
Quel choc les amis! On savait le roman un des plus pissants de la SF française jamais écrit. On avait constaté le talent d’Eric Henninot dès le premier tome. J’avoue ma surprise sur la concentration d’un tome entier sur la traversée de la Flaque de Lapsane, ne me souvenant pas de l’importance de ce passage dans le livre. Ce petit détail laisse imaginer une série en au moins six tomes et je pressens déjà un très gros dernier opus pour arriver à boucler ce monument. Pour rappel aux non initiés: il s’agit pour la Horde de traverser en « trace directe » une vaste étendue marécageuse dont le centre est un lac aux fonds variables et surtout parcourus de Chrones, entités redoutables qui dévient le temps et l’espace…
Le tour de force de ce volume est de nous happer malgré des décors absolument ternes, monotones, et par moment (la traversée centrale à la nage) vides! Mais la richesse des personnages, la tension dramatique et la maitrise narrative impressionnants de Henninot nous plongent dans ce maelstrom émotionnel de bout en bout sans nous laisser respirer et en procurant des sensations comme le permet rarement la BD. La tension permanente entre la hordière enceinte et le redoutable Golgoth respire sur les interventions quasi-surnaturelles du maître d’Erg le protecteur, d’un siphon qui agit sur le Temps puis d’une énigmatique tour que l’auteur passe avec une surprenante rapidité. Il faut bien faire des choix! La force de cette histoire c’est de nous faire (par moments) oublier l’aberration du projet en nous plongeant dans le cœur de l’Humain épicé de réflexions philosophiques sur l’être, le Temps, l’âme et l’individu. Un immense roman a donné naissance à une immense BD qui prends la suite de Servitude et Azimut comme étalon de la plus grande série BD en cours. Tout simplement.
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2022/01/19/bd-en-vrac-28-aquablue17-uccdolores4-contrevent3/?_gl=1*1qz3igy*_gcl_au*NjA2Nzg3NTQuMTcyNzM1MTYyMg..
Pour amateurs du genre,...
c'est un peu confus et il est vraiment difficile d'avoir de l'attachement pour des personnages palots et sans âmes, excepté SOV, le scribe.
Le dessin est dynamique et beau, mais il est parfois ardu de distinguer les visages masculins du féminin, oups...
Mais le pire pour moi, ce sont les dialogues (qui portent le scénario, c'est dire si c'est important), trop familiers et beaucoup trop souvent inutilement vulgaires (un zéro pointé!!!!)
Dommage car le concept est vraiment intéressant, mais je n'ai pas du tout été enthousiasmé....
Je ne connaissais pas le roman d'origine, mais je me suis lancé dans cette série, séduit par l'originalité de l'intrigue et sa narration complexe qui permet plusieurs niveaux de lecture. Je prends à chaque tome un immense plaisir à découvrir les aventures hors norme de cette horde du contrevent. L'histoire est rude, et la psychologie des personnages est extrêmement riche. Le dessin est remarquable et très innovant. Je suis déjà impatient de la suite !
Je trouve ce troisième tome un poil décevant.
L'histoire patauge un peu et fait du sur place.
Au gré de la horde qui traverse la flaque de Lapsane et des péripéties qu'elle rencontre, il ne se passe pas grand chose.
Tout tourne autour de Callirhoé et de son bébé. Elle veut continuer la trace , puis elle ne veut plus, elle continue, elle arrête, elle avance, elle recule., elle y croit plus, puis elle y croit de nouveau, elle se sent bien, puis mal, puis de nouveau bien et encore mal ....
Bref ça n'est que ça du début à la fin.
Ca traine et ça m'ennuie.
De plus, tout le coté mystique et spirituel autour des Chrones m'a un peu perturbé.
Les 3 passages (le Corroyeur au début de l'album, puis le Siphon, et le Chrone de la tour vers la fin de l'album) m'ont laissé perplexe et dubitatif.
Bref, la Flasque de Lapsane a été une grosse épreuve à traverser pour la Horde et autant pour moi à le lire.
Heureusement que la série forme un tout qui pour l'instant est toujours très réussi.
La narration, la mise en scène, le découpage, l'ambiance, l'atmosphère... tout est solide, maitrisé et retranscrit parfaitement la fatigue, l'épuisement et la tension qui règne au sein de cette 34ème Horde du Contrevent.
Troisième tome, troisième ambiance :
La 34ème Horde du Contrevent s'obstine à "contrer en trace directe", malgré les risques, et commence à s'embourber dans la redoutable Flaque de Lapsane. Golgoth, son inflexible et terrifiant traceur, seul responsable de ce désastre annoncé, révèlera à cette occasion une personnalité des plus inquiétantes qui fragilisera comme jamais la cohésion de la horde...
Dans cette "Flaque de Lapsane", Éric Henninot s'attache principalement à l'action, sans autre enjeu que la survie. Ici, il n'est plus question des Fréoles ou des intrigues de L'Hordre. Le vent lui-même semble pratiquement absent du décor. Le récit n'en est que plus frontal, crépusculaire et rugueux, mais n'a pas la subtilité de "L'escadre frêle".
En revanche les tensions, les doutes, les peurs et les trahisons qui se tissent entre les personnages sont saisissants, hormis quelques redondances, et interpellent sur les forces et les failles de la nature humaine confrontée à l'hostilité des éléments.
Même si j'ai trouvé cet épisode d'une intensité inférieure aux autres, cette traversée garde quelque chose de titanesque qui maintient la Horde du Contrevent au niveau des grandes œuvres de la bande dessinée.