L
a terre ne tourne plus rond dans la cité d'Omnamül de l'empire du Bord ! À moins que ce ne soit le soleil ? Toujours est-il qu'il ne se lève et ne se couche plus ! Tout le monde est déboussolé, chacun y allant de suppositions farfelues en explications plausibles. C'est au jeune Altek, sur le point d'être couronné empereur, que revient la lourde responsabilité de résoudre la « panne ». C'est encore à lui de surveiller de très près un de ses oncles qui rêve de lui ravir le trône. Il faut se rendre à l'évidence, ses affaires sont mal engagées.
Allons bon ! Avec une face qui reste en plein jour, une zone en nuit permanente et une frange crépusculaire où la vie se concentre, comment faire pour s'adapter à ces nouvelles conditions d'existence ? Comme si cela ne suffisait pas, Christophe Arleston en rajoute une dose par le biais d'une machination familiale minutieusement ourdie pour renverser un prince promis au rang suprême. Découpé en plusieurs actes et ponctué par de savoureux monologues présentés sous la forme d'interludes recueillant les confidences personnelles des acteurs phares, le récit séduit immédiatement. À l'image de son intitulé, d'une mise en page singulière et de la qualité de l'intrigue, l'ouvrage affiche clairement son ambition, celle de se démarquer de ce qui a pu être lu auparavant. Et la magie dans tout ceci ? Présente dans un juste équilibre, elle ne vient pas perturber ou fausser les principaux fils conducteur de l'histoire et permet une lecture compréhensible et homogène. Après Danthrakon et Le Grimoire d'Elfie, le label Drakoo s'enrichit d'un nouvel opus de fantasy signé par son patron en personne, fort d'une expérience inégalable en la matière.
L'ombre du trait du Didier Tarquin, une des premières connivences professionnelle du scénariste, flotte et pèse sur celui de Daniella Di Matteo alias Dimat (Les Aventuriers de la mer). Personnages extravagants, femmes un tantinet malicieuses et provocantes, la caricature de l'autodidacte transalpine mêle naturellement humour et gravité en fonction de l'humeur des protagonistes, le tout, renfermé au sein d'un très bel écrin à forte pagination.
Pourvu d'une mise en scène originale et détaillée, ce premier épisode d'un diptyque s'inscrit dans la plus pure tradition des mondes merveilleux et imaginaires d'Arleston. Les fans pourraient bien être une nouvelle fois « Scotché » !
Il y a un mélange de fantasy mais également de monde futuriste et steampunk dans un graphisme assez coloré. On reconnaît la patte du scénariste Arleston dans les dialogues et ce côté parfois déjanté. C'est bien évidemment une nouvelle aventure assez fantasque qui réservé aux lecteurs fan de l'auteur très connu pour ses mondes de Troy.
Pour autant, on se situe également dans une histoire d'intrigues de palais avec un oncle régent voulant privilégier sa descendance plutôt que celle de son défunt frère empereur de la planète. On sent incontestablement l'effet « Game of thrones » avec une course pour le pouvoir suprême et son lot de trahisons.
C'est écrit à la manière d'une drame d'une pièce de théâtre avec une présentation sommaire des différents acteurs sur une page. Il y a également de petits intermèdes avec des titres rappelant ceux de Molière ou de Racine. Bref, sur la forme, cela fait preuve d'une certaine inventivité et une originalité qui fait mouche.
Cependant, une fois passée l'introduction, je ne suis pas parvenu à m'intéresser à cette intrigue qui semble partir à la fin dans tous les sens avec une catastrophe cosmique. Je n'arrive plus à marcher dans ce genre de combines. Il y a manifestement un grand manque de profondeur psychologique. Je ne suis plus preneur de ce type de BD qui manque de dynamique malgré son côté trop décalé et trop déjanté.
Cela reste néanmoins satisfaisant dans l'ensemble. La plupart des lecteurs apprécieront cet humour pour un moment de détente.