La fille du Président (Cuvellier/Deloye) 1. Premier tour

P as facile, à onze ans, de se retrouver du jour au lendemain fille du Président de la République française. Surtout sans avoir rien demandé. C’est ce que va découvrir la petite Émilienne Morin dont le père vient d’être élu à la plus haute fonction du pays. Confrontée aux codes et au protocole d’un milieu qu’elle ne connaît pas, un peu éloignée de ses parents très occupés et prise en charge par une nourrice avec laquelle le courant a du mal à passer, la protagoniste passe le temps comme elle peut. Elle s’approprie les lieux (le palais de l’Élysée, rien que ça) et découvre les nombreuses pièces de sa nouvelle demeure sous les yeux de tous les anciens Présidents dont les portraits sont accrochés dans les couloirs. Alors que sa mère embrasse son nouveau statut avec une pointe d'arrogance, Émilienne essaye de continuer sa vie d’enfant qu’elle n’est pas décidée à quitter. Mais la réalité de la politique, à laquelle elle se trouve indirectement mêlée, va vite la rattraper.

Ce premier tome de La fille du Président plante le décor et introduit les personnages. Aux côtés de l'adolescente et de son Président de père, figurent ainsi un chef de l’opposition peu scrupuleux, un journaliste aux allures bonhommes mais manipulé ou encore le fils du chef de la sécurité, Jean-Kévin. Tout ce petit monde offre une galerie assez classique où chacun-e a son rôle : une héroïne, un compagnon de route et des « méchants ». L’ensemble est rythmé, à l’image d'Émilienne, très énergique et au caractère bien trempé.

Aux crayons, Olivier Deloye (Oliver Twist, Ô Verlaine) délivre une copie correcte, ayant pris soin d’adopter un trait lisible et dosant la caricature avec maîtrise. Le résultat semble toutefois quelque peu inégal : à des paysages et décors très soignés succèdent des cases plus simplistes. Dommage.

Ce Premier tour ouvre ainsi une série avec un potentiel de péripéties encore trop inexploité à ce stade mais qui pourrait réserver quelques agréables surprises.