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lle fit découvrir les Impressionnistes aux riches Américains. Aujourd’hui, seule devant sa tombe au cimetière du Montmartre, elle se souvient de cet homme qu’elle admirait et dont elle fut, parfois si proche…
Après Monet, Salva Rubio et Efa s’attachent à la vie d’Edgar Degas, figure emblématique de la peinture de la seconde moitié du XIXe siècle, posée à la croisée des chemins de l’Impressionnisme qu’il méprisait et de l’Académisme qu’il exécrait. Mais plus que l’œuvre, c’est le personnage haut en couleurs qui intéresse Salvia Rubio, au point que cet album est en fait une (auto)biographie à deux voix, celle de Mary Cassatt à travers ses souvenirs et celle de Degas, au travers de ses mémoires. Ainsi, le lecteur découvre-t-il un être ambigu, imbu à la limite du détestable, certain de son talent et de ce qu’il voulait en faire. C’est aussi l’occasion de déambuler au sein du petit monde de l’Art parisien et de s’amuser de ses luttes intestines, mais c’est surtout l’opportunité d’aller à la rencontre un homme qui désirait rendre compte de la réalité de la condition humaine, à contrecourant de la vision idéaliste de Monet ou Renoir. Étrangement, s’il n’est fait, visuellement, que peu mention des œuvres de l’artiste, l’album respire pourtant la peinture et ce grâce au superbe travail d’Efa. Le dessinateur catalan sait, au-delà de nombreuses vignettes dont la composition s’inspire de tableaux d’époque, pousser le souci du détail jusqu’à utiliser les pastels si chers au maître et à user de couleurs et d’une texture aux tonalités des plus impressionnistes.
Si la question des amours de Degas et, en corollaire, de sa vie sexuelle ne venaient gâcher un récit qui n’avait pas besoin de cela pour exister, Degas, la danse de la solitude ferait un parfait cadeau de Noël pour les amateurs d’Art et de BD !
Je ne connaissais pas la vie de ce peintre et c'est toujours intéressant de découvrir de nouvelles biographies sur des artistes ayant marqué le monde de la peinture. J'ai beaucoup apprécié ce traitement qui fait dans une certaine originalité du propos.
Degas était un sacré personnage, toujours seul et jamais marié. Il avait tourné le dos à l'amour pour se consacrer entièrement à son art. Un peintre ne doit connaître d'autre passion que son travail et y sacrifier tout disait-il. Le célibat laisse à l'artiste sa liberté et ses forces, son cerveau et sa conscience. Les femmes apprécieront. Même s'il avait mauvais caractère, il avait des amis dont le célèbre Edouard Manet et pouvait être une sorte de leader dans le mouvement.
Visiblement, il se situait dans un courant intermédiaire entre les impressionnistes et les académiques. C'est intéressant de voir que les impressionnistes étaient ces fameux peintres bohème que ne va pas manquer de manipuler Edgar Degas pour arriver à ses fins.
Degas va devenir un grand peintre mais à force de travail et d'obstination. Il ne disposait pas de facilités naturelles. Son talent est venu progressivement et sur le tard. Il cherchait véritablement son style, ses thèmes et son esthétique avec de nombreux tableaux restés inachevés. Cependant, c'est surtout sa vie privée assez méconnue qui sera abordée dans cette œuvre même si on croisera toutes les figures emblématiques de l'époque.
Le dessin est un peu composé à la manière des tableaux impressionnistes de l'époque afin de donner un certain cachet esthétique à cette BD. Cela va bien dans ce contexte. A noter également une très belle colorisation.
Bref, c'est un portrait sans concession qui ne fait pas dans la dentelle pour nous présenter tel qu'il était. J'ai bien aimé la narration par l'une de ses amies qui aurait souhaiter avoir plus de lui à savoir la peintre féministe Mary Cassat.
Je pense que cette biographie peut vraiment plaire à un public passionné par l'art et la peinture.