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Zoulouland 18. Dernières révoltes

29/12/2003 13121 visiteurs 8.0/10 (1 note)

J uin 1882, le Zoulouland sombre dans la guerre civile. Et ce n’est pas le retour du roi Cetewayo, déchu puis réinstallé sur son trône par les Anglais, qui va changer la donne. Le Zoulouland s'enfonce lentement mais inexorablement dans le chaos total : les factions zouloues n’ont de cesse de se battre entre elles tandis que les Boers commencent à s’installer sur ces terres tout en soutenant l’un ou l’autre seigneur zoulou selon leurs intérêts. Tôt ou tard, la couronne britannique devra donc intervenir. Kevin Stuart, jeune recrue écossaise devenue capitaine, écœuré pas cette guerre sans fin, se demande si finalement, il est fait pour l’armée. Mais comme tout bon soldat, il se doit d’obéir. Quant à John Dundee, l’ancien baroudeur qui règne maintenant sur un impi de plus de 1000 guerriers, il voudrait bien vivre en paix dans sa concession mais comme son pouvoir et le sort de ses guerriers dépendent du bon vouloir des Britanniques, il devra donc à nouveau mobiliser ses Zoulous. L’histoire du « Peuple du Ciel » se finira donc comme elle avait commencé : dans un bain de sang.

C’est donc par un constat amer que Ramaïoli clôture sa saga commencée en 1990 : malgré trois années de guerre, malgré la « victoire » britannique devant l’Impi (régiment) royal et malgré la capture du roi des Zoulous, le sang continue de couler au Zoulouland. Les personnages principaux de la série (Kevin Stuart, John Dundee, Dabulamanzi, Cetewayo) ont perdu toutes leurs illusions quant au bien-fondé de leur vie en Afrique et de tous les sacrifices qu’ils ont du concéder. Le chaos au Zoulouland les pousse à regarder en arrière et à se demander si leur vie a eu quelconque intérêt. Comme à son habitude, Ramaïoli prend son temps afin de décrire les états d’âmes de ses personnages tout en intégrant avec brio et finesse ces digressions dans l’Histoire avec un grand H. Celle-ci y est décrite avec beaucoup de détails et de didactisme sans pour autant tomber dans le documentaire. Le fait que Ramaïoli ait réussi à humaniser de manière crédible des personnages historiques (John Dundee, Cetewayo, Dabulamanzi, Lord Chelmsford, l’évêque Colenso) et ses personnages de fiction (Kevin Stuart et le Sergent Quincannon) y est pour beaucoup.

Le dessin est beaucoup moins précis qu’au début de la série, ce qui ne l’empêche pas de servir au mieux l’intrigue. Petit à petit, l’amertume et les années qui passent commencent à se lire sur les visages des personnages principaux. Le décor ainsi que les costumes, dessinés avec une précision d'historien, permet au lecteur de s’immerger sans problème dans l’Afrique de cette fin de 19ème siècle.

Ce numéro 18 est donc à l’image de la série : des aventures personnelles, inventées mais riches et crédibles, qui sont insérées sans fausse note dans l’Histoire officielle, elle-même basée sur une documentation abondante. A noter que ce dernier numéro permet à l’auteur de raccrocher sa série à la fameuse adaptation en BD par Jijé de la biographie de Baden Powell: le jeune capitaine Powell y représente une nouvelle génération de soldats qui comme Kevin Stuart trois ans plus tôt, devront abandonner leurs illusions face aux cruautés de la réalité.

Cette série se clôture donc par un sans faute et devient, par là même, un must que tout amateur de BD historique se doit d’avoir dans sa bédéthèque.

Par A. Legrain
Moyenne des chroniqueurs
8.0

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