C
haque coureur du dimanche aspire un jour à prendre le départ d'un marathon, course mythique. Aller au terme des 42,195 kilomètres, et franchir la ligne d'arrivée qu'importe le temps réalisé. Au cours des Jeux Olympiques d'Amsterdam de 1928, un athlète français d'origine algérienne déjoue les pronostics et remporte la médaille d'or, saint Graal dans la vie d'un sportif. Cette consécration, c'est celle de Boughéra El Ouafi, ouvrier de l'industrie automobile. Contrairement à d'autres, il ne bénéficiera jamais de la notoriété résultant de son exploit planétaire.
Après le cyclisme, Nicolas Debon (Le tour des géants, L'essai) aborde un autre sport universel, la course à pied. À travers la plus ancienne et légendaire épreuve olympique, il s'attache à rendre hommage à un marathonien oublié de l'Histoire du sport et des mémoires collectives. Le "petit arabe", surnom donné à l'époque dans la presse nationale, retombera très vite dans l'anonymat et la misère puis disparaîtra tragiquement le 18 octobre 1959, tué par balles dans un café de Saint-Denis. Ce décès reste aujourd'hui toujours énigmatique, l'hypothèse la plus avancée pointant vers des membres du Front de libération nationale (FLN - Parti politique Algérien).
Également au dessin, l'auteur utilise des tons sépia et un graphisme plutôt minimaliste tout au long de l'album. Une majorité de cases fait la part belle au silence et donnera au public la possibilité de s'immerger dans cet effort intense jusqu'au moment de couper le fameux ruban de la victoire.
Marathon propose un bref rappel historique d'une des légendes du sport français. Le récit invite ainsi le lectorat à s'intéresser aux différentes émotions que traverse un sportif devant l'objectif d'une vie teintée de sacrifices.
On va avoir droit à une course de marathon lors des jeux olympiques organisés aux Pays-Bas en 1928. Le monde se regroupait dans cet événement sportif fraternel dix ans après la terrible Première Guerre Mondiale. Cela ne pouvait pas faire de mal.
Cette course va nous être détaillée dans les moindres détails avec les concurrents en lisse. C'est un algérien colonisé représentant la France qui va remporter la mise alors que rien ne l'y prédisposait. Boughéra El Ouafi était ouvrier mécano à Billancourt. Il va affronter les meilleurs au monde dans cette course de 42,195 kilomètres. Bref, personne n'aurait misé sur lui. C'était une victoire quasi inespérée ce qui constitue un vrai exploit sportif.
Le graphisme est assez austère mais d'une grande simplicité. Il faut aimer. A noter qu'il y aura très peu de texte pour qu'on suive avec une plus grande fluidité ce récit. La place des images est prédominante avec une narration quasi absente.
Pour le reste, on aura droit à une photo du vrai marathonien vainqueur qui va sombrer dans l'oubli par la suite, abandonné également par les instances sportives.
J'ai bien aimé le dossier final en guise d'épilogue pour mieux comprendre ce qui s'est passé et le devenir de ce sportif qui méritait sans doute mieux. En effet, il restera pour toujours le premier athlète africain indigène à décrocher une médaille olympique, qui plus est en or. Marathon lui rend hommage et c'est très bien.