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ne vie en suspension, vouée à s'occuper de ses parents âgés. Une jeune femme, immigrée de seconde génération, n'existe plus vraiment par elle-même. Elle ne trouve un exutoire que dans la pratique de la photographie. Lorsqu'elle sort, son appareil en bandoulière, elle tente de conserver une trace des choses avant qu'elles ne changent. Ambition sublime et dérisoire qui lui ferait presque oublier à quel point elle se sent prisonnière de ses obligations envers son père et sa mère.
Avec ce premier album, l'autrice canadienne gg livre un récit subtil et délicat, au graphisme particulièrement séduisant. Sa mise en image, très cinématographique, traduit à merveille l'état d'esprit de l'héroïne. Entre un noir profond et une grande variété de niveaux de gris, la colorisation accentue encore une émotion diffuse et entêtante. Je ne suis pas là fait partie de ses livres qui se ressentent plus qu'ils ne se racontent. Ses planches dégagent une mélancolie qui ne vous lâche pas. C'est encore une belle découverte à laquelle convient les éditions Tanibis.
T’es où ? Je ne suis pas là. Cela me rappelle une célèbre chanson de Vianney qui a d’ailleurs fait démarrer sa carrière.
Pour autant, cette œuvre n’a rien à voir avec cette chanson puisqu’on va se concentrer sur une jeune femme qui a fort à faire avec ses parents vieillissants. Il est question de maladie, de perte de mémoire, de difficultés de vie. Il est surtout question d’une femme qui a envie de vivre et qui prend des photos pour capturer l’instant et se sentir ainsi encore plus vivante.
Les images minimalistes ainsi que l’ambiance sont assez plombantes. Bref, cela ne respire pas la joie de vivre bien au contraire. Tout transpire la mélancolie et la dépression.
Bon, les œuvres déprimantes existent et peuvent valoir le coup. Cela ne sera pas le cas de celle-ci en particulier. Il y a en effet une narration fort pesante qui n’apporte rien d’original. Le propos est d’ailleurs assez confus. Bref, on n’arrive pas à s’intéresser à ces personnages trop statiques qui évoluent dans une vie triste et monotone.
Au final, je me suis vite ennuyer à cette lecture qui passe à un rythme assez lancinant. Sitôt terminé, sitôt oublié. On peut passer à autre chose de plus sympathique le cas échéant. Cependant, on peut à l’inverse essayer de décortiquer le sens de ce récit intimiste afin d’en saisir toutes les nuances. A vous de choisir.