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Le tatoueur

29/04/2021 5410 visiteurs 5.3/10 (3 notes)

A yant été forcé de quitter Budapest pour échapper à quelques fâcheux, Zoli s’est installé à Paris. Tatoueur de renom (un des meilleurs, selon les spécialistes), il peut heureusement travailler n’importe où sans que ça pose problème. Oiseau de nuit, il se la joue discret. Trahi par son accent, un chauffeur de taxi d’origine hongroise et particulièrement disert entame avec lui une conversation à sens unique. Fatigué et peu intéressé par ce discours étrange, Zoli se laisse bercer par le flot des mots. Il aurait dû être un peu plus attentif aux paroles de l’affable conducteur. En effet, cette innocente course marque le début d’un chaîne d’évènements aux ramifications innombrables et insoupçonnables.

Le Tatoueur
est né d’une rencontre entre Matz et Attila Futaki. Ce dernier, très actif dans le monde des comics, avait apprécié Le Tueur, tandis que le dessin et les ambiances sombres du dessinateur hongrois avaient marqué le scénariste de Tango. L’envie de réaliser un projet commun fut immédiate et réciproque. Quelques années après, cette collaboration a pu se concrétiser en prenant la forme d’un album tendu, léché et sans concession.

Polar noir sous le signe de l’aiguille, des encres et de la peau, le scénario ne s’encombre pas d’explication inutile ou de longs discours. Un personnage au passé « chargé » se trouve malgré lui dans une machination nébuleuse et expéditive. Les pourquoi et les comment passeront plus tard, l’important, pour l’instant, est d’en sortir vivant. Le style direct de Matz est immédiatement reconnaissable, un peu trop malheureusement. Récitatifs amers renvoyant les différents camps dos-à-dos, actions violentes nécessaires afin de « nettoyer » la société et d’envoyer un message clair aux dirigeants, sans oublier un héros ne pouvant compter que sur lui-même, tout ça sent le déjà-vu et une certaine facilité. Et quid du métier du protagoniste principal qui donne le titre à l’ouvrage ? Une simple curiosité au final, car n’importe quelle autre activité un peu indépendante aurait aussi bien pu faire l’affaire sans que ça ne change rien au déroulement de l’histoire.

Graphiquement, Futaki rend une copie propre et carrée. Le découpage très aéré lui permet d’offrir un festival de vues urbaines et nocturnes de toute beauté. Le rendu froid et grisonnant se montre implacable et même impitoyable quand des traînées de sang d’un rouge écarlate viennent traverser les cases. Un peu plus de nuance, spécialement pour les intérieurs qui baignent dans une lumière semblable à celle de l’extérieur, aurait cependant été bienvenu pour gagner en lisibilité. Détail secondaire, car l’ensemble se révèle être d’un très bon niveau.

Thriller glaçant, mais dépourvu de réelle surprise, Le Tatoueur est une lecture droite et franche portée par des dessins à l’unisson de son ton direct et inexorable.

Par A. Perroud
Moyenne des chroniqueurs
5.3

Informations sur l'album

Le tatoueur

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L'avis des visiteurs

    Erik67 Le 12/04/2022 à 07:33:34

    Je dois bien avouer que l'auteur Matz m'avait habitué à mieux dans le passé. Ce récit dans le genre polar noir reste des plus classiques. Cette lecture au scénario trop léger m'a laissé un peu de marbre.

    Il y a également la crédibilité de cette histoire qui ne tient pas debout surtout au niveau des menaces et de l’exécution d'un travail peu recommandable confié à un tatoueur. On va faire dans le genre complotiste chez les taxi drivers voulant renverser l'ordre établi. Rien que cela !

    J'aurais aimé que cela tourne autour de ce métier de tatoueur comme l'indique le titre mais ce n'est qu'un prétexte à un sordide contrat. Nous suivons par conséquent notre héros hongrois dépaysé Zoli qui semble être totalement dépassé par cette histoire.

    Au niveau graphique, les couleurs sont sombres un peu à l'image de ce type de polar se passant dans les bas fonds.

    Bref, une intrigue qui fait dans le complot et la paranoïa ce qui semble bien être dans l'air du temps. Je reste assez mitigé bien que cela soit globalement satisfaisant.

    bulle.noire Le 12/06/2021 à 22:15:59

    Derrière cette somptueuse couv se cache une histoire de paranoïa.

    Celle de Zoli d’abord, hongrois réfugié à Paris, tatoueur de talent, qui veut cacher son domicile, qui fuit son pays sans qu’on sache trop pourquoi.

    Celle de Lazlo ensuite, un chauffeur de taxi qui prévient Zoli qu’il va se passer des choses, que certains vont bientôt passer à l’action…

    L’atmosphère très noire est intéressante, elle est palpable, bien rendue par un graphisme qui joue sur les ombres…. Qui se cache dans l’ombre et pourquoi ? C’est là tout l’enjeu de cet album au style direct.

    Le tatoueur se lit vite, trop vite … les questions restent nombreuses et il subsiste un goût d’inachevé. Sera-t-il soulagé par un tome 2 ? Si oui tant mieux, si non….j’avoue rester un peu sur ma faim.