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Dope Rider

15/03/2021 6550 visiteurs 6.0/10 (2 notes)

N é dans les années soixante-dix des volutes psychédéliques de la contre-culture, Dope Rider a ensuite disparu quand le shériff Ronald Reagan est arrivé en ville. Après un long sommeil, il est sorti de sa transe dimensionnelle début 2015 et a réintégré les pages de High Times, le mensuel référence sur tout ce qui contient du THC. En définitive, c’est bien Bob qui avait raison : « The times, they are a-changing... »

Véritable machine à faire remonter le temps, Dope Rider propose une plongée au sein d’une époque révolue où les frontières de la réalité étaient plus fluctuantes qu’aujourd’hui. Frénésie visuelle multicolore sous influence, ces histoires en une page permettent à Paul Kirchner de mettre de l’avant sa passion pour le surréalisme et l’exploration graphique du subconscient. Salvador Dali croise M. C. Escher dans un univers biberonné à la pop culture et aux mythes américains (Hollywood sera toujours Hollywood). Ah oui, parfois, il y a même une chute ou un gag à la fin de la planche.

Pour le lecteur, avant de s’embarquer, il s'agira d'ouvrir ses chakras et, tel Carlos Castaneda prenant la main du Mandalorian, accepter de se faire montrer la voie. Complètement déjantée, la narration est construite autour d’associations d’idées souvent totalement incongrues et mises en image de la même manière. Néanmoins, il faut se méfier de ses premières impressions. En effet, l’espiègle scénariste garde les pieds sur terre (façon de parler) et évite le prêchi-prêcha initiatique vers un nouvel âge réminiscent. Pas de message caché ou de fumeux conseils de vie, seulement de l'humour pur et simple sous la forme de vertigineux délires aussi sympathiques qu’innocents.

Kitch, rétro, drôle et imaginatif en diable, malgré ses allures new age, Dope Rider a finalement plus à voir avec un stoner film gratiné et entièrement assumé.

Par A. Perroud
Moyenne des chroniqueurs
6.0

Informations sur l'album

Dope Rider

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    OldiMonk Le 30/03/2021 à 06:59:22

    He's back ! Dope Rider, le ranger osseux est de retour.
    Notre héro est un squelette en tenue de cowboy, qui passe le plus clair de son temps à se défoncer à la marie-jeanne, le cannabis, le THC, la weed...
    L'ouvrage sous-titré « pour une poignée de délires », porte bien son nom, car il n'est pas réellement question d'un récit avec intrigues, suspense, et dénouement, mais belle et bien d'un enchaînement de délires, de situations psychédéliques posées en 1 planche à chaque fois – toutes les pages de droite, alors que celles de gauche présentent chacune un unique dessin, qui réunis se lisent comme un flip-book animé - . Des scénettes donc, truffées de références à la pop culture, à la contre culture Hippie, et à la mythologie Amérindienne. Ce ne sont pas non plus des gags en 1 planche, et pourtant vous y trouverez une chute souvent apportée par Tatti, le tatou, l'un des personnage secondaire récurrent.
    Tatti, le tatou domestique de Dope Rider, qui ne peut s'exprimer, mais dont les pensées très pragmatiques, souvent axées sur la bouffe, nous sont rendues accessible, et viennent apporter un contre-point réaliste, aux propos et agissements totalement hallucinés de Dope Rider.

    Chaque planche est un festival surréaliste, qui se joue dans un décorum empruntant à l'imaginaire des grands espaces désertiques de l'ouest Américain, toute époque confondues. La gravité n'y a souvent plus court, et les ciels se chargent de mandalas Indien, et de graphismes psychédéliques dignes des plus folles enseignes lumineuses du Strip de Las Végas.
    Mais sinon que fait Dope Rider dans la vie ? Rien. À l'instar de Freewheeling Francklin, Phinéas Freakears, et Fat Freddy, les fabulous Freaks Brothers de Gilbert Shelton, notre cowboy semble uniquement mue par la volonté de ne jamais se soustraire aux effets de la défonce. Et force est de constater, qu'il y parvient plutôt bien.
    « Il se passe dans la tête de ce type, un insondable mystère, un peu comme la composition des choco-pops », s'étonne Tatti le tatou au détours d'une planche. Et c'est vrai que Dope Rider qui perçoit les artefacts de la conscience cosmic, compose toujours avec son spliff coincé entre les dents, chevauchant son canasson, lui aussi à l'état de squelette. Mais comment fait-il ? Son super pouvoir est assurément de créer sa propre réalité.

    Au détours des planches, Paul Krichner distille ça et là, avec humour, de petites pensées philosophiques, de simples recommandations pour affronter avec zénitude les aléas de la vie.
    Des conseils sans prétention pour se soustraire aux difficultés qui peuvent parfois s'ériger face à vous.
    Bon souvent le conseil, la solution, réside juste dans l’absorption de THC, pour parvenir à construire mentalement sa propre réalité, et laisser son esprit se dissoudre dans une dimension plus arrangeante.
    Dope Rider est assurément l'être le plus auto-satisfait qui soit. Ni prétentieux, ni condescendant, non plus meneur de troupe, ni donneur de leçon, il est parfaitement conscient de son existence décousue, chaotique, totalement travestie par les effets de la défonce. Il est assurément l'alter ego de son créateur, Paul Krichner, dont je ne sais rien quand à la pratique des stupéfiants, mais dont l'univers artistique qu'il produit, laisse peu de doute sur la chose.... Ce n'est là que l'expression d'une intuition personnelle...

    Pour clore l'ouvrage, l'auteur nous livre tout de même un très court récit, dans lequel Dope Rider raconte à Chef Indien, comment il s'est transformé en squelette. Un récit de juste 4 pages intitulé « Aux origines de Dope Rider », à l'issue duquel Kirchner nous rappelle juste l'importance de toujours préserver son libre-arbitre, de ne se fier à personne, pas même lui, pour découvrir la vérité, la réalité du monde, et de tout ce qui s'y trouve.