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n octobre 2002, paraissait Aqua, Shonen prequel d’Aria - 2301 - Voyage vers Néo-Venezia. Après la tentative d’une version française en 2007 aux éditions Kami qui ne put aller au-delà du septième épisode, Ki-oon reprend la série en 2020 sous le titre Aria : The masterpiece et regroupe dans une édition « collector de luxe », de 7 volumes de plus de trois cent cinquante pages chacun, les balades d’Akari Mizunashi. Le sixième opus est disponible en librairie depuis le 18 février.
En 2301, sur Mars devenue Aqua à la suite de sa terraformation, la vie s’écoule paisible au fil de l’eau. La planète est désormais un immense océan d’où émerge un joyau : néo-Venezia, réplique de l’ancienne Venise. Au sein de la cité lacustre règnent les Ondines, jeunes femmes dont l’habileté à conduire leur gondole permet aux habitant de se déplacer. Akari vit désormais ici afin de devenir l’une d’elles et depuis plusieurs saisons, elle s’entraine pour gravir les échelons qui feront d’elle une Fée de l'eau. Dans ce pénultième volet qui rassemble les épisodes 37 à 60, l’adolescente fait encore découvrir aux lecteurs qui la suivent depuis son arrivée, quelques-uns des petits secrets de la vie locale, mais aussi - et surtout - une manière de concevoir l’existence, toute en simplicité et en prévenance.
Respectueuse des codes graphiques du genre, auxquels elle se conforme avec un trait fluide et fin, Kozue Amano fait preuve d’une précision et d’une imagination qui lui permettent de façonner un monde imaginaire où règnent paix et harmonie. Mélange de fantasmes et de réalité urbaine, néo-Venezia devient au gré des épisodes, un lieu initiatique et propice à un émerveillement sans cesse renouvelé. Au-delà, d’une probable fascination pour la Sérénissime et les chats, passions qu’elle semble partager avec Kenji Tsuruta, la mangaka dépasse la simple apparence des décors pour créer un véritable univers. Aqua - où le temps s’écoule différemment - est un lieu de Fantasy avec ses institutions, ses règles et ses subtilités qui sont, pour l’aspirante gondolière, la source d’un constant étonnement… Structuré en saison, décliné en navigations, chaque volume s’attache à conter ces instants ou ces rencontres qui font le charme de l’endroit. Sans a priori et avec sa candeur désarmante, Akari s’essaye à comprendre ceux et celles qu’elle croise et les lieux où elle les côtoie. En cela l’œuvre de Kozue Amano prône un rapport aux autres basé sur la bienveillance et l’écoute, ce qui n’exclue pas la rivalité ! Et c’est certainement là le point marquant de la série : la volonté de croire au bonheur grâce à une forme d’insouciance et d’innocence. Cependant, malgré son ingénuité, Aria : The masterpiece appréhende en filigrane – par le biais de ses différents personnages - des thèmes sociétaux d’importance tels que les relations mentor-élève et l’importance de la transmission des savoirs, la bienveillance et le respect d’autrui, la douceur de l’amitié et les troubles de sentiments plus profonds… des notions et des concepts, peut-être plus fortement ancrés dans la culture nippone, mais qui dans un contexte plus occidental font également écho.
Œuvre de fantaisie onirique, Aria : The masterpiece pourrait apparaitre doucereuse, mais possède le mérite de proposer une approche résolument positive du quotidien. Ce faisant, Kozue Amano opte pour un optimisme auquel tout un chacun aimerait croire, ne serait-ce qu’un instant ! Faudrait-il voir là les raisons du succès de la série au pays du Soleil levant ?
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