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ao Mo, Zhuan Zu, Yu Rang, Nie Zheng et Jing Ke. Ils sont cinq, souvent de basse extraction, à s'être dressés face à des puissants. Pour leur peuple, leurs terres, leur souverain, ils avaient tous de bonnes raisons pour prendre l'épée et devenir des assassins... Voilà leur histoire.
Basé sur les écrits de l'historien Sima Qian, Mémoires Historiques, vies de chinois illustres (Éditions Picquier), cet album offre l'occasion de (re)découvrir le travail d'un des auteurs taïwanais les plus marquants. Si le roman est un ouvrage de référence (découpé en cinq catégories) qui couvre près de 2900 ans, Uen Chen (1958-2017) s'intéresse à la partie « biographies » (notamment au chapitre 86). C'est dans ce terreau qu'il va puiser pour nourrir son imagination et proposer cinq épisodes pour autant d'illustres assassins. L'oxymore peut choquer, mais elle va de pair avec la prestation du manhua. Entièrement en couleurs, ses cent-trente-cinq planches saisissent par leur réalisme.
Pleines de dynamisme, elles misent autant sur l'expressivité des protagonistes que sur la grande modernité du découpage et de la mise en scène des (nombreux) combats. De ses pinceaux précis, l'auteur conte avec onirisme les aventures des tueurs marquants dont les desseins (pas forcément menés à leur terme) ont forgé tout un pan de la culture asiatique. Honneur, héroïsme, courage, sens du devoir, les qualités dont font preuve ses personnages en disent autant sur eux que leurs actes dans cette Chine antique. Grâce à ce titre, Patayo éditions inaugure sa collection Des cases, des langues, des mondes avec panache. Agrémenté d'un éclairage de Marie Laureillard - qui replace le matériau d'origine dans son contexte - et de la traduction complète du chapitre adapté par Soline Le Saux, l'ensemble rend hommage à la démarche de Uen Chen.
Splendide, c'est le mot qui vient devant les peintures du maître. Vivants, ces récits sont aussi un témoignage pour perpétuer légendes et histoire. Dans un écrin à la hauteur de l'artiste, Des Assassins permet d'apprécier un talent parti trop tôt.
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