C
'est une romance à rebours, celle d’un amour dont il est donné de remonter le cours. De la singularité d’une nuit est née une passion qui, tel l’Univers, croît toujours un peu plus chaque saison…
Si depuis Lydie son style est posé, Jordi Lafebre continue de cultiver la gentillesse à travers un trait qui allie, selon les circonstances, l’élégance ou la bonhomie, joliment aidé en cela par la couleur de Clémence Sapin. Structurée autour d’un gaufrier en 3x2, répartie en vingt chapitres, la relation qu’entretiennent Anita et Zeno est de celles auxquelles chacun voudrait croire !
Malgré quelques facilités graphiques incongrues qui viennent parfois en troubler la lecture, ce premier album - en tant qu’auteur complet - est une belle réussite, notamment scénaristique. Le parti de prendre cette histoire à contre-temps et de la faire culminer dans un dernier chapitre qui, en fait, en est le premier, tout comme ces petites choses posées çà et là au gré des cases font que ce scénario ne doit rien au hasard et forme un tout cohérent malgré le principe d’entropie cher au docteur Zeno.
Avec Malgré Tout, Jordi Lafebre signe une comédie romantique que ne renierait certainement pas Zidrou qui fut son scénariste de Lydie aux Beaux Étés. Ce faisant, il dessine la joie de vivre avec une ingénuité et une fraicheur qui, en cette époque de morosité, constituent une véritable bouffée de bonne humeur.
"Malgré Tout" de Jordi Lafebre propose un dessin moderne et frais au travers de personnage riches et élégants. Le trait caricatural des personnages (long nez pointu), l'expressivité qui se dégage des visages et des corps est très plaisant. Malgré l'originalité d'une romance racontée dans un sens anti-chronologique qui attire la curiosité du lecteur jusqu'au bout, il manque à cette histoire d'amour une certaine force pour la rendre complétement vivante. En effet, Zeno et Ana jouent bien trop au chat et à la souris sur tout l'ouvrage, rendant cette amour fou l'un pour l'autre illusoire et sans réelle force pour le porter selon moi. L'amour est montré de manière très décomplexé, ainsi l’infidélité semble être un code de société qui n’étonne personne dans la bande dessinée, cela permet au moins de faire vivre et entretenir des histoires d'amour impossible. Concernant le dessin, un bémol sur cette surexpressivité par des petites bulles ou nuages rendant difficile l’interprétation et l’intelligibilité des dessins. Dans l'ensemble, cela reste une belle bande dessinée qui aurait mérité un peu plus de surprise narrative pour le rendre unique malgré un dessin d'une grande qualité qui donne envie de suivre le travail de son auteur, Jordi Lafebre.
Le début m'a semblé un peu incompréhensible puis on commence à remonter le temps et alors se dessine tous les fils conducteurs de cette étonnante histoire d'amour entre une femme ambitieuse qui va devenir maire d'une ville côtière et un beau marin ténébreux solitaire et érudit. J'ai littéralement adoré cette BD qui commence par la fin.
Bien entendu, le procédé n'est pas très nouveau. Le cinéaste Christopher Nolan l'avait expérimenté dans un de ses premiers fils à savoir « Memento ». Pour autant, il s'agit là non d'un thriller mais d'une histoire de relations amoureuses.
A noter que je ne crois pas un seul instant qu'un passager clandestin puisse être jeté par un membre d'équipage en pleine mer car cela serait considéré comme un meurtre. C'est une partie de cette histoire qui n'est pas du tout crédible. Malgré tout, on peut passer outre sur ce détail qui a pourtant son importance pour toute la suite puisqu'il marquera une longue séparation entre deux personnages que tout oppose à savoir Ana et Zéno.
Le graphisme est à la fois expressif et subtil, mais également doux et tendre surtout au niveau des personnages. C'est un régal pour la lecture. Cela concourt à rendre cette histoire romantique et poétique.
A noter que la construction de chaque chapitre est plutôt court ce qui permet d'avancer plus facilement dans ce récit qui offre mille facettes. Le dernier est d'ailleurs assez intéressante par son approche. Certes, c'est assez technique dans sa construction mais cela reste d'une belle fluidité. Et puis, cela offre quelque chose d'originale grâce à cette chronologie inversée qui sera d'ailleurs expliqué grâce à la thèse de Zéno.
Je recommande la lecture pleine de fraîcheur de ce roman graphique et je peux comprendre tout le succès qu'il a obtenu. Je retiendrais que le temps passe mais les sentiments restent.
J’ai moi aussi succombé aux charmes de cet album qui raconte une histoire d’amour à rebours.
Comment pourrait-il en être autrement ? Il y a tellement d’humanité, de tendresse, de poésie, d’humour aussi dans ce lien si fort entre ces 2 personnages, Anna et Zeno.
Un lien distendu par le temps et l’éloignement…. Mais un lien maintenu en vie par les lettres, les appels téléphoniques, par la pensée, par le souvenir si fort de leur rencontre, de leur nuit passée ensemble.
Jordi Lafebre a un dessin pétillant et souriant, il parvient à rendre vivant ses personnages, il fait passer beaucoup d’émotions et il est difficile de ne pas s’identifier à tel ou tel instant de vie.
On commence donc la lecture par la fin, les retrouvailles…. Et on finit par le début, la rencontre... un tour de force qui parvient à conter un lien inaltérable, un lien qui reprend vie, ….
Un livre qui rend heureux, qui donne le sourire, ça n’a pas de prix !
Superbe album, plein de poésie, d’humour et de tendresse. Le scénario très original n’a d’égal que la douceur du dessin. Vraiment un excellent moment à ne rater à aucun prix. Merci infiniment à Jordi Lefebre pour ce cadeau merveilleux.
Bel ouvrage que ce "malgré tout", qui n'a de négatif que l'évocation de son titre. Tout transpire l'optimisme dans le travail de Jordi Lafebre, à l'instar de Zéno qui, à force de scruter l'horizon, ne peut voir que le bon coté des gens.
Cette histoire d'amour est comme le pont reliant deux rives, une belle construction imbriquant parfaitement formalisme et contenu. Mais pour une fois, ce formalisme ne se fait pas au détriment de la narration et les personnages sont ancrés (le marin Zéno), bien campés (la terrienne Ana) et donc touchants.
Nulle perfection sans vertige, et la destinée de Zéno, qui s'éloigne d'Ana parce qu'il a voulu la rejoindre, n'est pas sans rappeler certains contes mythologiques.
Pour son premier scénario, l'ami Jordi fait mouche et on ne peut qu'espérer qu'il navigue à nouveau en solitaire et continue de cette façon à scruter l'horizon.
Quand on découvre Ana et Zeno, ils sont au crépuscule de leurs vies, mais très vite on comprend que leurs destins sont liés depuis bien longtemps. Années avant années, chapitre avant chapitre, nous allons remonter le temps à leurs côtés et plonger dans quelques brefs moments de leurs vies.
C’est une bien belle lecture que Jordi Lafebre nous offre, et nous retrouvons avec plaisir ses illustrations lumineuses, pleines de vie et ses personnages pétillants. Mais dans ce roman graphique il signe également le scénario ! Grand bien lui fasse car le résultat et pour le moins enthousiasmant.
On plonge dans une histoire d’amour pas tout à fait traditionnelle où les deux amants se cherchent une vie durant. La narration, pas tout à fait traditionnelle non plus, remonte le temps et chaque chapitre nous fait faire un bond en arrière. Le lecteur assiste à des instants choisis, banals mais essentiels, qui viennent chaque fois éclairer les chapitres précédents.
Jordi Lafebre nous parle de l’amour, des amours pour être plus juste, qui sont multiples et peuplent nos vies sans forcément s’exclurent. A travers une histoire un peu extraordinaire, il nous parle surtout de tous les petits moments ordinaires, de tous les choix qui font nos vies. Et il le fait avec justesse, légèreté et bienveillance.
Il est presque frustrant de ne pas en avoir plus, de ne pas pouvoir combler les blancs, les immenses périodes qui s’écoulent entre certains chapitres. Mais, comme Ana, nous ne saurons jamais tout de la vie de Zeno ; comme Zeno nous ignorerons une bonne partie de la vie d’Ana. Est-ce vraiment si grave ?
Une romance à rebours que l’on referme avec le sourire, emplie de légèreté, de vie, de papillons.
Est-ce que l'Amour dure toujours ? Peut-on s'aimer sans vraiment vivre cet amour au quotidien ? Peut-on s'aimer à distance ? Ce sont toutes les questions qui sont abordées dans ce roman graphique.
Tout oppose ces deux amoureux. Ana a les pieds sur terre, elle est ancrée dans sa ville et dans sa vie. Zeno lui est un marin rêveur qui ne tient pas en place.
~
Cette histoire est une très belle histoire d'amour, une oeuvre romantique qui va ravir les amoureux d'amour. Graphiquement Jordi Lafebre nous attire dès la magnifique couverture et nous enchante avec un dessin émouvant, joyeux, burlesque et parfois un peu triste. On a l'impression par moments que Zeno emprunte les traits de Corto Maltese. Je suppose que c'est une forme d'hommage de l'auteur à ce grand héros de la bande dessinée.
~
L'amour c'est beau, c'est troublant et c'est touchant. En cette fin d'année Jordi Lafebre nous offre une très belle lecture sur un thème universel qui sera séduire un très grand nombre de lecteurs et de lectrices.
~
Suivez-moi sur Instagram : https://bit.ly/3bIDwg8
J'ai apprécié cet album qui relate une histoire d'amour sur 37 ans signée Jordi Lafebre, auteur que j'avais découvert avec "Lydie" puis "les beaux étés", qui ont connu un succès commercial mérité.
Nous ne saurons pas ce qui se passera après le baiser échangé entre Anita et Zéno, par contre à travers la lecture de ce one shot, on en découvrira l'origine à travers les 150 pages que composent l'album.
En effet, l'auteur a pris le parti pris original de nous présenter cette histoire d'amour, où se dressent pêle-mêle des ponts asymétriques, une ville de mouettes, des campagnes électorales,des aventures maritimes et une librairie délaissée, à rebours.
Nous débutons le 1er chapitre, intitulé chapitre 20 avec le fameux baiser entre Anita & Zéno pour arriver au chapitre 1 pour découvrir les deux héros très jeunes, c'est à dire leur première rencontre..
C'est un parti pris osé mais réussi.
J'ai été plus que séduit, voire bouleversé par cette histoire d'amour à travers le temps.
Les lecteurs des "Beaux étés" ne seront pas dépaysés par les mimiques parfois exagérées des personnages, mais cela donne un aspect assez humoristique à certaine situation (le discours du maire entrant par exemple).
Il ressort de cet album une énorme tendresse, une sympathie pour les deux principaux protagonistes qui forcent une relecture immédiate.
Très bel album que je recommande
Histoire belle très une est ceci... Certes, l'idée de la raconter "à rebrousse-temps" n'est pas neuve et ne repose sur aucun génie scénaristique : il suffit simplement de monter les chapitres à l'envers. Mais cet artifice prend ici tout son sens lorsqu'on connaît le sujet de la thèse du protagoniste Zeno. Pour le reste, il s'agit d'une histoire d'amour (impossible) vécue par des personnages touchants, et servie par l'impeccable dessin - si expressif - de Lafebre. Un détail pour terminer : à ce niveau de professionnalisme, on sourit un peu devant les erreurs en pp. 16 et 20, où le plâtre de la petite fille passe alternativement du bras gauche au bras droit pour finalement disparaître à l'avant-dernière case !
37 ans ! 37 ans que Zeno attendait Ana ! Ana, l’amour de sa vie, celle à qui allaient ses pensées où qu’il se soit retrouvé dans le monde. Ana à qui il téléphonait en cachette d’une femme qui partageait sa vie. Ana à qui il a envoyé des bouteilles à la mer lorsqu’il naviguait sur les mers et les océans…
Et Ana qui vient de terminer son dernier mandat de maire, dont le cœur manifeste de grands signes de fatigue, un cœur qui bat pour Zeno depuis leur turbulente première rencontre. Pourtant ana est mariée à Giuseppe, un homme fantastique, tendre, amoureux, compréhensif, le père de sa fille. Sa fille qui ne comprend pas la folie de sa mère qui veut à tout prix retrouver celui qu’elle a aimé voilà 37 ans ! 37 ans de séparation entre ces deux êtres que presque tout oppose : elle la femme décidée, résolvant les problèmes afin d’améliorer le sort de ses concitoyens, lui le rêveur en quête de ciels étoilés, le doctorant par correspondance qui depuis des années travaille sur sa thèse de doctorat.
Vont-ils enfin se retrouver… et s’aimer ?
Critique :
Jordi Lafebre réussit ici un pari complètement fou : raconter une histoire en remontant le temps ! Si ! Si ! Tout commence au chapitre 20 et se termine au chapitre 1. Non ! Non ! Ce n’est pas un manga qui se lit à l’envers ! C’est génial d’avoir mené si bien un tel projet ! Avec lui, comme pour donner raison à son personnage Zeno qui dans sa thèse de doctorat expliquait comment remonter le temps, nous assistons à une histoire d’amour qui démarre à la vieillesse et s’achève lorsque les deux protagonistes étaient de jeunes adultes, à leur première rencontre. Nous savons donc, à peu près comment « se termine » l’histoire, mais nous ignorons ce qui a entraîné les événements auxquels nous venons d’assister. Il faut vraiment arriver au bout du livre pour savoir comment tout a commencé entre Ana et Zeno. Le récit nous montre comment un grand nombre de malentendus se sont installés entre ces deux-là au fil des ans.
Jordi Lafebre réussit ici un coup de maître qui restera dans les annales de la bande dessinée. Son trait plein de poésie se marie à merveille avec son scénario. Deux ans de travail furent nécessaires à l’aboutissement de ce roman graphique de 150 pages. Clémence Sapin coopéra avec Jordi à la mise en couleurs.
Ne ratez pas cet album plein de tendresse et de surprises.
J'ai adoré ce livre. Un grand coup coeur pour ces tranches de vie montées à l'envers et racontant l'histoire d'un amour impossible entre deux êtres qui ne peuvent vivre ensemble qu'au crépuscule de leur vie une fois assouvies toutes leurs passions. Lafebre ne démontre pas ici uniquement qu'il est un grand dessinateur mais également qu'il est un grand raconteur d'histoire. Incontournable.