Bakamon ! 1. Un jour, je serai...

L es Bakamon, vous connaissez ? Ce jeu de cartes à collectionner dans lequel les joueurs doivent rassembler des créatures fantastiques dotées de pouvoirs étonnants. Les enfants en sont fous. Avant les dessins animés et les films à venir, ils débarquent en BD ! Suivez les aventures d’un ado dans sa quête pour devenir le meilleur dresseur de la région. Sur sa route, il va devoir affronter des adversaires coriaces, affiner sa technique et mettre la main sur de nombreux autres Bakamon, y compris les plus rares. Dépêchez-vous, entubez-les tous !

Toute ressemblance avec la célèbre franchise créée par Nintendo en 1996 n’est évidemment pas une coïncidence. Parodie lorgnant franchement vers la satire, Bakamon ! étrille avec férocité les Pokémon de ce monde. Juliette Fournier et Jean-Gaël Deschard ont simplement repris le canevas de la première série télé en le pimentant d’un humour peu politiquement correct et particulièrement jouissif. Le ton est donné dès l'entame du récit avec un premier monstre – le Chapoire dont la spécificité est d’être « assez empoté » - et une mère qui met littéralement son fils à la porte afin qu’il puisse faire son VIPDB (voyage d’initiation pour devenir dresseur de Bakamon), tout en lui avouant qu’il n’a été qu’un boulet pour elle, mais que « maman veillera toujours sur lui ». Les amateurs de second degré bien lesté sont avertis. D’ailleurs, la suite continue de la même manière alors que Crétin, ainsi que l’a baptisé le Professeur Nux. Vomica lors de la cérémonie d’attribution de son compagnon fétiche Corniaisdeglace (existe en plusieurs parfums), perd son duel inaugural avec un Lapinceàlinge (attention, il est très susceptible).

Le côté bête et méchant est contrebalancé par des dessins franco-manga parfaitement maîtrisés et des couleurs pastelles sympathiques. L’opposition kawaii versus langage soutenu fonctionne pleinement, jusqu’à un certain point cependant. S’il est amusant de découvrir toute une ménagerie décalée et poisseuse à souhait, l’effet de surprise s’estompe rapidement. Surtout que le scénario ne propose pas grand-chose au-delà de ces gags frontaux sentant bon les vestiaires de troisième mi-temps. Pire encore, pratiquement aucune forme de critique sur le fond de l’emprise consumériste des Pokémon n’est finalement entreprise. Résultat, arrivé à la fin du tome, entre un deck de Pikachu et Rondoudou et un autre composé de Fashionistouille et Vulgastring, il n’y a guère de différence.

Histoire misant tout sur le décalage et reposant trop sur un registre passif-agressif pour totalement cerner son sujet, Bakamon ! reste au niveau de la boutade entre copains. En résumé, un album drôle, joli, parfois bien pensé, mais également passablement futile et gratuit.