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olal est enfin en terre promise, mais – de l’intérieur - ED3N ressemble à l’enfer. Au fil du temps, le huis clos paradisiaque est devenu une prison et ses occupants ne cherchent qu’une seule chose : en sortir !
Prévu en trois volets à la parution resserrée, Le mur de Mario Alberti développe pour le 9ème Art une histoire imaginée par Antoine Charreyron pour le cinéma. Dans un futur post-apocalyptique qui recycle tout ce qui peut l’être, les restes d’une humanité exsangue se berce de l’indicible espoir de pouvoir franchir les murs d’une cité idyllique.
Nourri de ses expériences passées, le dessinateur de Morgana construit un univers qui offre une distanciation avec la réalité sans en oublier toutefois les travers. Ce faisant, Le mur aborde ces sujets d’actualité qui seront probablement les angoisses de demain : l’épuisement des ressources, le déplacements des populations sous l’effet du dérèglement climatique et les 1% qui s’enferment dans sa tour d’ivoire…
Passant de Clip Studio à une impression papier travaillée en demi-teinte à l'acrylique liquide, puis scannée pour finalement être colorisée sous Photoshop, Mario Alberti livre un album visuellement des plus dynamiques. Ainsi, Homo homidi deus jongle avec les temporalités et des lieux soit en privilégiant - lorsqu’il s’agit du passé d’ED3N - les strips horizontaux, soit en déstructurant sciemment la verticalité comme l’horizontalité des planches pour mieux en rythmer la lecture. En agissant de la sorte, Mario Alberti assume une filiation graphique qui doit autant à Bonelli, qu’à Marvel ou aux Humanoïdes associées.
Investi pleinement sur une série dont il assure l’illustration et le scénario, Mario Alberti dévoile progressivement la complexité de son récit en réutilisant adroitement toute l’iconographie post-apocalyptique, mais à des fins moins ludiques qu’il n’y paraît. Un triptyque qui n’a pas la prétention de changer le monde, mais - peut-être - simplement la manière de le regarder… ce qui ne serait déjà pas si mal !
Dans la lignée de son prédécesseur, cette suite à véritablement montée d'un cran.
L'histoire alterne à la fois sur deux zones différentes, EDEN et le Camp à l'extérieur, mais également sur 2 temporalités, avec des Flashbacks retraçant et expliquant la genèse d'EDEN et ce qui s'y est passé.
Le graphisme accompagne d'ailleurs ces différentes temporalités narratives, avec des planches des plus standards aux cases horizontales pour les flashbacks, et au contraire des planches destructurées aux lignes verticales et peu courantes quand il s'agit d'illustrer les évènements présents.
Idem pour la colorisation, avec des couleurs numériques pour EDEN, et le reste avec les traditionnels papiers, crayons, encre et pinceaux.
Ainsi, le rythme et la narration s'en retrouvent grandis.
A cet univers purement Post-Apocalyptique, est venu s'y greffer une touche de science-fiction très plaisante.
Les évènements s'enchainent, l'histoire s'accélère, les révélations fusent, le tout pour nous emmener intelligemment vers un grand final qui s'annonce spectaculaire.