« Quand on n'a que l'amour
À s'offrir en partage
Au jour du grand voyage
Qu'est notre grand amour
Quand on n'a que l'amour »
En parallèle de ses œuvres jeunesses, Dorothée de Monfreid s’est offert une petite parenthèse adulte avec Les choses de l’amour, série de strips parue dans les pages du Mon Lapin quotidien de l’Association et maintenant publiée en album par Misma. Sujet brûlant et d’actualité s’il en est, l’autrice explore de la façon la plus décalée qui soit la sexualité dans notre société.
Prenant littéralement au mot sa thématique, la dessinatrice propose, sous le couvert de l’humour, une réflexion plus sérieuse que les apparences veulent bien le suggérer. Même s’il y est question de flirt, de sexe et, en général, de relations entre personnes consentantes, la transposition des situations dans le monde des objets rend l’exercice particulièrement percutant, pour ne pas dire pénétrant. Il y a tout d’abord le côté absurde de voir des pièces de Lego©, des légumes ou des bûches de bois chercher à pimenter leur vie intime. Franchement hilarants, les gags fonctionnent grâce au décalage entre le texte et le figuré. Puis, en y réfléchissant un peu plus, l’absence des images habituellement associées à ce genre de saynètes équivoques ou frivoles apporte un deuxième sens à la lecture. Et si, loin des morales et des impossibles attentes engendrées par la publicité et l'éducation made in internet, « la chose » ne se résumait pas à juste ça finalement ? Un simple et agréable moment d’échange total entre deux âmes s’étant trouvées à leur goût. La démonstration, s’il faut en trouver une, est imparable et impeccable.
Les amateurs de partie fine ou de positions acrobatiques seront peut-être déçus (quoique), car tout en ne cachant rien, Les choses de l’amour avance voilé. La scénariste a intelligemment laissé la sociologie et la psychologie de côté au profit de l’esprit et de la suggestion ; bien lui en a pris.
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