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Gueule de bois (Foerster) 1. La fée puzzle

08/09/2005 7676 visiteurs 6.2/10 (5 notes)

E t si Pinocchio, une fois adulte, devenait Woody Woodstock, bosco à bord du Floating Biscuit avant d'être recruté comme chasseur de cryptozoïdes, vampires, gobelins et autres fées, que serait-il advenu de Gepetto ?

Quand Terry Gilliam rencontre Edgar Allan Poe et que Pinocchio côtoie la descendance de Frankenstein, le cocktail devient délirant. Reprendre un mythe enfantin tel que celui du pantin de bois le plus célèbre de la littérature est envisageable soit sous l'angle de la plus parfaite exactitude, soit sous celui de la démystification la plus totale.

Foerster a bien entendu choisi la seconde voie. Dans un premier essai en 1982, sobrement intitulé Pinocchio dans lequel le pantin sombrait dans le noir. Cette fois, il devient héros robuste et fort comme un chêne, têtu comme une bûche, affublé d'un criquet en guise de conscience et qui n'a plus qu'un espoir : retrouver la fée bleue qui lui a accordé la vie et qui pourrait le délivrer de son corps de bois. Une quête en somme ? Pas si simple. Même si la recherche de ses origines reste le fond de l'histoire, il va lui faire croiser différents mythes, de Frankenstein à Peter Pan et profiter de son nouveau personnage pour régler ses comptes avec le Marchand de sable qui a sûrement dû le faire cauchemarder plus d'une fois.

Ce même Marchand de sable qui est à l'origine de l'existence de la société secrète qui recrute Woody Woodstock. Club très fermé de millardaires, rendus aveugles par ce persécuteur d'enfants bien décidés à ne pas s'endormir le soir, qui ont mis leur fortune au service d'une seule cause : se venger ! Le chemin de Woody sera sûrement semé d'embûches, ce qui présage de nombreuses aventures.

L'angoisse est bien présente, les lapins noirs inhumateurs envoyés par la fée font frémir mais l'empreinte de Foerster et son humour sont bien présents. Un décalage complet qui n'est pas sans rappeler les Monty Python experts dans l'art de l'absurde. Jeux de mots et situations burlesques rendent la lecture plus savoureuse et moins effrayante. Le graphisme va également dans ce sens en ridiculisant certains personnages et en humanisant les autres.

Foerster place de grands espoirs dans cette nouvelle série, espérons que les lecteurs ne resteront pas de bois.


Par Flocon

Woody Woodstock, solide gaillard bâti comme une armoire à glace, est marin de son état. De navire en navire, de port en port, il fuit son passé et la malédiction qui pèse sur lui. Enfant, il portait un autre nom : Pinocchio. Engagé par une société secrète réunissant de richissimes aveugles qui n’ignorent rien de son identité et de ses conflits intérieurs, il va devoir chasser des créatures cryptozoïdes et affronter son créateur, Gepetto.

La première planche passée, c’est parti pour une descente progressive vers le délire total ! Au programme : exorciste déchu qui ponctue systématiquement son discours d’extraits d’œuvres d’E.A Poe, lapins zombiesques belliqueux qui veulent faire la peau euh l’écorce de Woody, criquet–conscience de l’homme de bois qui loge dans sa boîte crânienne, marchand de sable croquemitaine, hommes en noir machiavéliques, créatures de la littérature fantastique tournées en dérision, fée bleue hystérique. Ouf l’inventaire est copieux et tout ce petit monde se croise, se dispute, règle ses comptes et expose ses névroses dans l’anarchie la plus totale. Car si l’entrée en matière respecte les codes du genre avec talent et révérence, donnant presque le frisson, la suite glisse progressivement vers un mode plus burlesque et halluciné. Entre le détournement franchement irrévérencieux des mythes et le pastiche facile sans inspiration, la frontière ressemble au fil de l’équilibriste. Pour peu qu’on se laisse gagner par cet esprit égrillard, la lecture de ce 1er volet est assez jouissive, à condition d'être indulgent avec la conclusion proposée évidemment.

La première approche de Pinocchio de Foerster (Magic strip – 1982), plus sombre, a vécu. Cette Gueule de bois devient le parfait ambassadeur de la collection Troisième degré du Lombard qui aura rarement aussi bien porté son nom.

Par T. Pinet
Moyenne des chroniqueurs
6.2

Informations sur l'album

Gueule de bois (Foerster)
1. La fée puzzle

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Note: 3.7/5 (41 votes)

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L'avis des visiteurs

    philippe_grenier Le 29/01/2006 à 07:33:47

    Quel préambule surprenant de la part de l’éditeur qui ne peut qu’inciter les lecteurs à découvrir par eux-mêmes le premier tome de cette nouvelle série de Philippe Foerster! Toutefois, une telle présentation peut s’avérer être à double tranchant : les attentes n’en seront que plus grandes! Et alors, qu’en est-il de cet album?

    Dès les premières pages, on retrouve le personnage de Pinocchio, devenu un adulte courroucé par sa condition et sensible aux commentaires affligeants de ses compatriotes marins. De plus, un mystère semble planer quand à la nature de ces horribles lapins noirs qui le pourchassent! Et, ce n’est pas tout! De multiples personnages issus d’une variété de contes populaires sont au rendez-vous pour compléter cette fable haute en couleurs!

    En bref, cet album est une collection de clins d’oeil à Edgar Allan Poe, J. M. Barrie et Carlo Collodi… et j’en passe! À la fois amusant et innovateur, ce tome mérite bien sa place au sein de la collection « Troisième degré » du Lombard!

    pailhon Le 13/09/2005 à 19:25:11

    Bienvenue dans l'univers inimitable de Foerster !!!
    Foerster, dont le talent n'est à mon avis pas assez reconnu, nous livre ici un de ses albums les plus réussi .Si son dessin peut en rebuter certains au premier abord, il sert par son originalité une histoire empreinte de fantastique, de peurs d'enfance et habités de personnages tourmentés ...On retrouve l'atmosphère noire des albums de fuide glacial (" LA RAISON DU PLUS MORT", "HANTONS SOUS LA PLUIE",etc ), un héros marin/aventurier qui rappelle "STARBUCK" (autre série de Foerster, superbe!!!) et un humour second degré très percutant .A noter les nombreuses références à d'autres contes ou mythes ...
    Si Foerster avait un peu perdu sa marque de fabrique avec la série "SILEX FILES", il arrive avec "GUEULE DE BOIS" à un excellent compromis qui ravit ses puristes et rend accessible son oeuvre au plus grand nombre ...
    Ce sera peut être le début du succès qu'il mérite ...(croisons les doigts) .
    Si cet album arrive à vous convaincre essayez donc ensuite "STYX" paru chez Le Lombard en 1995 avec Andreas au scénario, vous ne serez pas décus ...

    chicot Le 13/09/2005 à 13:36:09

    L'histoire commence étrangement, on ne sais pas trop vers quoi ça nous entraine, même si on se doute un peu de ce dont il s'agit.
    C'est bourré de références. J'ai plusieurs fois éclaté de rire.
    Le dessin est efficace sans être parfait, mais l'histoire est tout à fait correcte, pour ce qui partait comme un spoof.