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fumu N’gui ou Flocon de neige, le seul gorille albinos jamais observé, s’est éteint en novembre 2003 au zoo de Barcelone. Sa disparition a ému les millions d’êtres humains venus lui rendre visite tout au long de sa captivité. Un cancer de la peau, sans doute dû à son albinisme, l’a emporté. La capitale catalane, qui l’a accueilli durant toutes ces années, lui a rendu hommage, avec discrétion. Davide Toffolo fait partie de ces personnes touchées par cet événement, il ne manquait jamais une occasion de lui rendre visite lorsqu’il se déplaçait dans la ville espagnole.
Plus que la simple histoire du gorille blanc, Toffolo nous invite à découvrir l’étrange relation et l’attachement qu’il éprouve pour celui qu’il qualifie de « roi ». Depuis un certain temps déjà, il souhaitait consacrer un ouvrage à cet animal si particulier, et si le projet n’aboutissait pas c’est parce qu’il ne trouvait pas de fin satisfaisante. L’événement de cette fin d’année 2003 va lui en fournir une aussi dramatique qu'évidente. Le Roi Blanc nous invite à le suivre durant sa dernière visite à celui qui l’a tant captivé. Il navigue entre réalité et suppositions pour relater la vie de ce primate. Connu et reconnu en Italie, Davide Toffolo nous livre à la fois un récit historique et autobiographique au travers duquel il se livre intimement.
Les lecteurs qui aborderont cet album attiré uniquement par le récit du fameux gorille seront un peu décontenancés par l’angle de vue adopté par l’auteur. Il alterne sa propre histoire dans un style au trait dépouillé, allant à l’essentiel, et les scènes imaginées de la vie du gorille dans un style plus travaillé. Le récit, au rythme assez lent, aurait gagné à avoir un découpage un peu plus nerveux. Son histoire est un hommage et c’est sans doute en ayant ce parti-pris en tête qu’il faut aborder ce qu’il présente comme un conte. Avec un style particulier voire déroutant et un talent indéniable pour la narration, Toffolo justifie pleinement la confiance accordée par Casterman et confirme également la qualité de cette collection Ecritures.
Mon sentiment de lecture a été très mitigé après coup. J'ai éprouvé un peu de curiosité à découvrir l'histoire de ce célèbre gorille unique au monde de par sa couleur blanche. Cela commence en Afrique en 1967 pour se terminer dans le zoo de Barcelone en 2003. L'idée était très bonne ...
L'auteur fait une espèce d'auto-biographie d'un nouveau genre pour donner sa version du roi blanc. C'est trop sporadique par moment voire totalement destructuré. Les histoires s'enchaînent pêle-mêle dans un désordre de bon aloi. C'est dommage car un traitement différent aurait pu donner quelquechose de nettement mieux.
Cette vision de fusion entre l'animal et l'auteur est trop artificiel pour être crédible. La narration n'arrange malheureusement rien à l'affaire. Une oeuvre qui nous dit ce que la fascination peut apporter de pire ou d'ennuyeux. Oui, c'est dommage !