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rançoise cherche du travail depuis un bon moment. Elle tente d’apprivoiser les logiciels, mais elle n’y arrive pas. Pour tout dire, elle n’y croit plus. Avec son mari, c’est le calme plat et ennuyant. Et fiston ne vient pas souvent lui rendre visite. Lorsque sa voisine, Rose, lui demande de s’occuper pendant quelques semaines de sa parcelle de potager communautaire, elle est d’abord réticente, puis elle finit par y prendre goût, à sympathiser avec les autres jardiniers et à se réinventer une vie.
Il est difficile de ne pas s’attacher à cette dame imaginée par Hervé Duphot ; en décalage avec son époque, elle s’anime en reproduisant des gestes intemporels, ceux qui font pousser les tomates et les fines herbes. Une femme écrasée qui s’affirme soudainement, le propos n’apparaît pas vraiment nouveau (le lecteur pensera, par exemple, à Lulu femme nue d’Étienne Davodeau ou à Je vais rester de Lewis Trondheim et Hubert Chevillard), mais il se révèle plaisant. Le rythme est lent, un peu comme le quotidien des amis des plantes.
L’artiste privilégie un trait naïf, son héroïne n’a d’ailleurs pratiquement pas de visage tellement elle est éteinte. Graphiquement, c’est surtout le contraste des décors qui retient l’attention : la cité monochrome, ordonnée et parcourue de lignes interminables ne fait pas le poids face à une nature désordonnée, colorée et vivante qui tranche avec le pastel ambiant.
Une touchante réflexion sur le temps qui passe et la solitude. Un album au terme duquel le lecteur se dit qu’il devrait téléphoner plus souvent à sa mère.
Voilà ce qu'on appelle une bd assez rafraîchissante et positive. Pourtant, Françoise, une femme passive et introvertie, vit au milieu d'un quartier HLM de banlieue pas très commode au niveau de sa zone de djeuns qui squatte les entrées d'immeuble en alpaguant les gens avec leur langage si châtié et leur présence menaçante. Qu'importe, elle va réussir au travers de sa passion. Et qui sait où cela pourra l'amener !
La douce Françoise s'est prise d'amitié pour la veuve Rose récemment accidentée au niveau de sa jambe ce qui l'empêche de se déplacer. Françoise lui sort le toutou par exemple. Elle va aller jusqu'à s'occuper d'une parcelle de jardin dont l'attribution a mis quelques années à aboutir. Ces lopins de terre valent de l'or pour ces personnes à l'environnement peu reluisant. Même si elle n'a pas trop la main verte, elle va s'y mettre pour essayer de faire quelque chose de bien dans sa vie entre les salades, les tomates et les belles fleurs.
On la voit évoluer dans un milieu familial pas très enrichissant pour elle avec un mari assez beauf. Françoise est à l'image de beaucoup de cinquantenaire. Cette bd nous montre qu'avec un peu de volonté, on peut s'en sortir et réaliser de belles choses. Il est vrai qu'elle n'est pas trop aidé par Pôle Emploi.
J'ai beaucoup aimé le réalisme ainsi que la sensibilité qui se dégage de cette oeuvre. Par ailleurs, j'ai adoré le dessin coloré ainsi que cette intrigue gentillette qui donne tout de même une belle direction et une bonne leçon de vie dans le genre rédemption.