E
smée avait à peine quinze ans lorsqu’elle est décédée, à la fin du XVIIIe siècle. Elle « vit » depuis dans un cimetière avec quelques autres fantômes. Depuis peu, leur quiétude est perturbée par d’étranges manifestations de vivants. Afin de comprendre de quoi il retourne, ses compagnons lui demandent de s’inscrire au lycée et d’y mener l’enquête. La jeune femme part alors à la découverte d’un univers inconnu : il n’y a pas de domestiques, tout le monde se tutoie, les dames portent le pantalon, les inconnus se font la bise, les gens parlent un jargon bizarre et les garçons draguent avec la subtilité d’un camion de sapeurs-pompiers. Tout cela apparaît bien déconcertant pour la bicentenaire, mais également séduisant.
Le choc de la modernité comme ressort comique n’est pas fondamentalement nouveau. Le lecteur pensera spontanément aux Visiteurs ou à Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu. Christine Naumann-Villemin propose néanmoins une agréable variation sur ce thème. La scénariste se concentre sur les relations entre des adolescents archétypaux : la naïve, les chipies, le ténébreux au grand cœur, le maladroit, etc. Le résultat rappelle d’ailleurs Les Nombrils de Delaf et Dubuc. Le récit se donne du reste des allures de fable sur l’acceptation de la différence ethnique, culturelle et sociale. Cela dit, ce sous-texte n’alourdit pas l’histoire.
Le trait semi-caricatural de Maëlle Schaller est efficace. Les personnages sont rapidement exécutés, mais se révèlent expressifs. Les décors demeurent sommaires, l’illustratrice semble tout de même prendre particulièrement plaisir à dessiner le cimetière.
En adoptant un ton léger, les autrices mettent à la portée des gamins des enjeux de société importants tels la pauvreté, la boulimie, la place des femmes et, surtout, le harcèlement.
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