I
l a trop bu ce soir et il le sait. Alors, comment se défendre dans cet état, et contre quatre gars de surcroît ? Ou trois... Qu'importe. La bande de petites frappes n'a pas eu a fournir beaucoup d'efforts pour le mettre au tapis, enfin, sur le macadam. Lui ? Le boxeur ; lui, la «tantouze» de couleur trop sombre pour eux manifestement. Pourtant, qui aurait cru qu'un modeste chapelier allait devenir un ténor de la cogne ? Monter si haut, pour tomber si bas...
Outre ses biographies de Johnny Cash, Castro et Nick Cave, Reinhart Kleist avait déjà abordé le domaine sportif dans
Le boxeur, récit de la vie d'un déporté juif de la Seconde Guerre mondiale. Ici, il relate le destin singulier du premier champion du monde homosexuel noir dans cette discipline, Émile Griffith. Une personnalité attachante est exposée, avec l'évocation de son enfance, son ascension dans le domaine, sa passion pour les chapeaux, ou encore, la découverte de lui-même... L'auteur allemand choisit de raconter son histoire par le biais d'un dialogue/confession entre le héros et son principal adversaire décédé par sa faute, Benny Pater, ici interlocuteur imaginaire. Ce procédé, ainsi que l'alternance des flash-back et du présent, font entrer le lecteur aisément dans l'intimité de cette vie peu banale, tout en dynamisant le rythme.
Le style de l'artiste fait beaucoup penser à celui de Will Eisner. Le semi-réalisme et l'aspect esquissé permet de mettre en avant les caractères au travers des traits des visages et des silhouettes. L'exploitation des contrastes en noir et blanc densifie et exprime au mieux la dureté du scénario. Le découpage étudié pour une lecture cinématographique facilite une immersion rapide et naturelle. Les scènes de combat se révèlent fluides et passionnantes à suivre.
Voici une biographie romancée tout à fait intéressante, riche et intelligemment mise en images dans Knock out !, qui aborde, non seulement un homme, mais qui aussi décrit tout le contexte de son époque.
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