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uand il s’éteint à New-York en 1838 à quatre-vingt-huit ans passés, Lorenzo Da Ponte peut s’endormir en paix. Il a pu mener à terme son ultime projet : faire connaître l’opéra italien au Nouveau Monde. Une histoire d’émigrant comme il en existe tant ? Oui et non, car avant d’arriver aux USA, ce volubile libraire devenu professeur d’université et champion de la culture transalpine a connu un destin inimaginable. De la Venise aux temps des exploits de son ami Casanova à la cour de l’Empereur Joseph II, où il fut le librettiste de Mozart, en passant par Londres et quelques autres grandes cités d’Europe, Lorenzo aura tout connu et tout vécu.
Pour narrer une telle existence, Clément Baloup a choisi une approche originale à la chronologie « mosaïque ». Lorenzo se raconte en passant d’une époque à une autre et relie des évènements n’ayant, au premier abord, que peu de points communs. Plus proche de la discussion entre ami que d’un compte rendu officiel, le récit de sa vie se lit comme un véritable roman d’aventure à la limite du picaresque. Natif de la Sérénissime, il est juif de naissance, converti enfant, il devient prêtre catholique avant d’être défroqué, se fait poète, tout en se finançant par le jeu. Fuyant quelques fâcheux, il se retrouve à Vienne où il se distingue à la cour impériale. Et puis, il y a ce moment de grâce quand il croise le génie à l’état pur : Wolfgang Amadeus Mozart. Sa vie en sera marquée à jamais, même si peu après, il est obligé de fuir à une fois encore les créanciers pour conserver sa liberté. Des hauts, des bas, des coups de chance, des moments de misère, l’homme ne cesse de se réinventer au fil du temps. Résultat, il est impossible de ne pas tomber sous le charme de ce personnage mêlant bagout et érudition.
La mise en image s’avère moins excitante, malheureusement. En effet, les aquarelles d’Eddy Vacaro peinent vraiment à convaincre. Le trait est emprunté, les protagonistes difficiles à reconnaître et les décors bien pauvres. L’ensemble se montre particulièrement décevant. Le rythme et le dynamisme général de la mise en page est cependant à sauver. Le dessinateur a bien compris la nature de son héros, mais échoue à la retranscrire d’une manière efficace.
Biographie rondement menée, mais globalement très pauvre graphiquement, Dans l’ombre de Don Giovanni aurait pu être un modèle du genre, ce n’est pas le cas. Dommage.
Ce n'est jamais de bon coeur que je mets une basse note à une BD que je viens de lire. Cela traduit simplement mon niveau de satisfaction. Or, quand il y a pléthore de BD sur le marché, on ne peut pas tout aimé. J'aimerais bien mais cela serait dans un monde idéal où tout serait qualité.
Il faut dire que très vite, cette lecture s'est révélée ennuyeuse et fastidieuse. On suit un curieux personnage un peu badin Lorenzo da Ponte né juif en Vénétie qui va devenir prêtre catholique avant de renier sa foi dans la chaire fraîche des femmes. On pourrait penser aux oiseaux se cachent pour mourir mais on est en malheureusement très loin.
Il va voyager à travers le monde et on perd vite le fil tant l'action ou plutôt la mise en scène est décousue rendant la lecture particulièrement difficile et sans attrait particulier. Il manque l'accroche, le fait de pouvoir captiver le lecteur. Bref, il manque l'essentiel. On passe au travers de cette lecture qui ne sera guère mémorable en ce qui me concerne.
Le fait d'avoir lu 6000 BD y est sans doute pour quelque chose. Je souhaite être captivé dès les premières pages. Je souhaite la qualité. Quand tout ceci n'est pas an rendez-vous, je dis bye bye !