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ans l'entreprise "Rondelles S.A" où il travaille au service des achats, Fabrice Couturier est ce qu'il convient d'appeler un cadre dynamique. Productif et surtout lèche-botte notoire, le poste vacant qu'il lorgne depuis belle lurette ne peut lui échapper. Et pourtant, contre toute attente, il est attribué à une première affectation. Écœuré et abattu, il est, de plus, incapable de supporter davantage les règles drastiques et absurdes imposées par les commissions d'hygiène et de sécurité. Alors, en fin stratège, il va tout mettre en œuvre pour tenter de saborder sa société.
Jacky Schwarztmann se nourrit de son passé de salarié au sein de grandes firmes pour pointer du doigt et dénoncer un système qui encourage l'entreprise à se protéger abusivement contre toute forme d'accident de travail dont elle pourrait être tenue pour responsable. Écrivain de romans à succès tels que Demain c'est loin et Pension complète parus chez Le Seuil, l'auteur fait l'étalage de notes de service interne toutes plus farfelues les unes que les autres, comme apprendre à descendre un escalier sans tomber ou, plus ridicule, savoir prendre une feuille sans se taillader une phalange. Bien sûr les exemples sont exagérés, mais ils demeurent tout de même le reflet d'une certaine réalité. Outre l'argument central, les carriéristes sont également épinglés, à l'instar du personnage principal qui bénéficie du trait très caricatural de Morgan Navarro (L'Endormeur, Ma vie de réac') pour renforcer l'humour dont se sert copieusement le scénario afin de dispenser son propos. Moraliste et divertissant, chacun ou chacune pourra s'identifier aisément à travers l'attitude et le comportement humoristique de cet employé presque modèle.
L'heure de la pause a sonné. Il est temps de feuilleter Stop Work pour décompresser et surtout passer un excellent moment de lecture.
Avec ce titre, on explore les joies de l'entreprise moderne. Il faut dire que pour ceux qui travaillent dans les entreprises, certains thèmes leur parleront comme la réunionite ou les termes en anglais pour faire bien.
On va suivre le parcours de Fabrice Couturier qui est un cadre beauf à l'ancienne et qui se voit refuser une promotion pour un poste de responsable des achats au profit d'une personne extérieure qui n'a pas fait ses preuves dans l'entreprise. Pour évoluer, il doit dégager ailleurs mais il ne le souhaite pas vraiment surtout à son âge.
Il est également question d'accident de travail, de déclaration d'incidents afin de respecter les mesures d'hygiène et de sécurité. Cependant, cela va virer à l'absurde dans certains cas comme pour le remplacement d'une pile d'horloge ou de descente d'un simple escalier. Il s'agit également de ne plus boire une goutte d'alcool à midi lors d'un repas au restaurant.
Le stop work qui porte le titre de cette BD est la possibilité d'interrompre son travail lorsqu'une situation dangereuse semble imminente. C'est loin d'être le cas dans un bureau mais il paraît qu'il faut se méfier des agrapheuses. Bref, c'est la sécurité avant tout.
Je trouve que ce titre décrit bien la situation actuelle ainsi que le malaise qui existe dans les entreprises où il faut s'adapter constamment à des règles de plus en plus contraignantes et où la férocité de certaines personnes n'a plus aucune limite pour écraser les autres et avancer. Les auteurs dressent un saisissant portrait qui est une véritable critique du monde de l'entreprise et de ses managers cyniques.