D
ésirée n’avait pas un prénom prédestiné. Ballottée d’une famille d’accueil à l’autre, toujours loin de ses parents, la fillette a du mal à comprendre ce qu’il lui arrive. À l’adolescence, elle apprend que sa mère ne voulait pas d’elle. Il faut se souvenir qu’en 1959, l’avortement était illégal et qu’il se pratiquait clandestinement dans des conditions souvent horribles.
Avec une très belle plume, l’autrice raconte son enfance malheureuse avec en toile de fond le combat des femmes réclamant le droit de ne pas enfanter. Le scénario se situe quelque part entre la biographie et le pamphlet, avec des éléments de reconstitution historique. Près d’un demi-siècle après la loi Veil, la question ne constituant plus vraiment un enjeu, du moins en Occident, le lecteur se demande si le temps n’est pas venu de poser un regard moins passionné et plus objectif sur ce sujet.
Le récit est transposé en images par l’époux de la scénariste, Alain Frappier. Le dessin, en noir et blanc, apparaît sobre et réaliste. Les décors demeurent rares, l’artiste préférant s’attarder aux gens et ne surtout pas voler la vedette au propos.
Malgré son austérité, l’album se révèle touchant et il est difficile d’être insensible au destin de la protagoniste, après tout, comme le dit le slogan : « C’est tout de même plus chouette de vivre quand on est désiré. »
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