À Rome, Jules César est accaparé par sa course au pouvoir et délaisse Cléopâtre qui apprécie peu que la gloire tant attendue tarde. Lorsque le dictateur est assassiné par une poignée de conjurés, tout semble s’écrouler. S’apprêtant à fuir avec son fils et son jeune frère, la belle Égyptienne s’assure d’abord d’aider Marc-Antoine, le lieutenant de son défunt amant, et, par son biais, de financer le parti césarien. Dans son royaume, une autre déconvenue attend la souveraine : les mauvaises récoltes ont entraîné une famine et son peuple proteste. La solution est simple, mais Cléopâtre sait que, derrière le mécontentement populaire, trahison et manipulation sont à l’œuvre. Elle va trancher sans état d’âme et forger des alliances qui devraient assurer le poids de sa couronne dans les jeux de pouvoir de part et d’autre de la Méditerranée.
Ce troisième tome consacré à la dernière reine d’Égypte s’inscrit dans la lignée des précédents. Marie et Thierry Gloris y racontent la délicate transition qui a suivi la mort de Jules César et qui aurait pu être fatale à leur héroïne. Les tribulations de cette dernière les amènent à évoquer la lutte fratricide que se livrent les Romains, dans la Ville-même ou aux confins de l’Empire, et qui aura des répercussions importantes. Toutefois, ils n’oublient pas non plus, les intrigues de palais en mettant en scène la tentative désespérée d’Arsinoé de renverser son illustre sœur. Loin d’être reléguée au rang de spectatrice, la belle Lagide continue à prendre de l’épaisseur, en agissant sur tous les tableaux afin de s’imposer. La variation de lieux - tantôt Rome, tantôt Alexandrie, ou encore la Syrie et la Grèce -, et donc de protagonistes participe pleinement au dynamisme du récit et permet d’avoir une vue d’ensemble des événements concomitants. Cela contrebalance avantageusement le passage un peu grossier où Cicéron essaie de forcer Cléopâtre, ainsi que le clin d’œil appuyé à une célèbre scène avec un tapis… Pour ne rien gâcher, le graphisme se révèle toujours aussi accrocheur. Grâce à son dessin expressif, Joël Mouclier insuffle vie et passion aux personnages, tous bien caractérisés. Il restitue avec bonheur les intérieurs comme les champs de bataille et sa mise en scène s’attache à varier adroitement les cadrages. Enfin, sa colorisation aux teintes riches et quelque peu saturées amplifie et magnifie les ambiances, pour le plaisir des yeux.
Un volet encore une fois réussi pour Cléopâtre, une des meilleures séries de la collection Les reines de sang.
Lire les chroniques du tome 1 et du tome 2.
Poster un avis sur cet album