S
urfeur professionnel, Nicolas Marlin est dans le dur. Il aime encore son sport, mais ça ne passe plus. Son manager et sa copine essayent de le motiver ; l’épreuve de San Telmo arrive et il est crucial de bien figurer dans cet événement important du circuit. Pas de chance, c’est un spot qu’il déteste, trop de souvenirs pénibles sont associés à cet endroit. Mauvaises ondes, ambiance étrange et une rencontre redoutée avec son grand-père qui s’impose, tout ça va mal se finir, c’est certain.
Récit psychologique sur fond de relations familiales, La vague gelée mêle jeu de plage et crise existentielle. Pour ce faire, EMG (Tremblez enfance Z46) joue la carte de l’exotisme et du mystère afin de raconter les démêlés intérieurs de son héros. Si le nœud de l’intrigue s’avère très rudimentaire, le traitement de celle-ci se montre habilement mené. L’opposition entre le côté relax de l’univers du surf et les sombres pensées de Nicolas apporte un contraste percutant à la situation et souligne bien le désarroi que la détresse mentale provoque, autant chez le malade que sur son entourage. Campé sur sa planche, l’auteur file sa métaphore sur les flots tout en ménageant quelques surprises à la limite du fantastique pour asseoir son propos.
Graphiquement, le dépaysement est aussi de mise avec le choix d’un dessin 8 bits semblant avoir été réalisé avec Paint 1.0 sous Apple II. Passé le choc visuel et esthétique, cette démarche stylistique radicale ne gêne pas outre mesure la lecture. Par contre, le choix de celle-ci reste énigmatique du fait de sa rigueur tout au long des pages. En effet, si elle s’insère à peu près logiquement dans l’idée du scénario, elle perd pas mal de son impact du fait de son omniprésence continue dans l’album.
Exercice de style total au service d’une histoire touchante, mais un peu simple, La vague gelée est une curiosité éditoriale à découvrir en tant que telle.
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