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lors que la situation générale de l’Europe se dégrade de mois en mois, Joseph P. Kennedy refuse de voir la réalité en face et persévère à prôner un accord avec Hitler. Cet entêtement, autant idéologique que commercial (une guerre serait catastrophique pour le business, particulièrement le sien), va entraîner sa perte : il ne sera jamais président des USA. Il reporte ses ambitions sur ses fils qu’il envoie comme observateurs sur le terrain. L’aîné, Joe, lui ressemble énormément et s’aligne sur ses positions politiques, tandis que John, le plus brillant malgré une santé chancelante, comprend tout de suite le danger que les Nazis font porter sur le monde. Le premier septembre 1939, l’invasion de la Pologne marque le début de la Seconde Guerre mondiale.
Les dossiers Kennedy, tome deux : La guerre en Europe. Toujours aussi bien documentés, Erik Varekamp et Mick Peet continuent de décortiquer et de resituer la trajectoire de la célèbre famille. Passant sans cesse de la grande à la petite Histoire, les auteurs arrivent à en dresser un portrait confondant et convaincant. Les mauvais choix du père guidés par un esprit étroit centré sur ses propres intérêts, les personnalités contrastées des deux frères, les innombrables connexions entre milieux dirigeants, économiques et mondains, etc., la narration est dense, mais heureusement, toujours très lisible. De plus, comme tout n’a pas pu être raconté, l’excellente postface signée de l’historien Nigel Hamilton apporte des précisions et souligne les moments cruciaux de cette époque tendue.
Visuellement, l’élégante ligne claire aux couleurs délicieusement veloutées de Varekamp se montrent parfaitement à l’unisson du glamour de ces privilégiés. Salons aux riches boiseries de Londres, villégiatures ensoleillées sur la Côte d’azur ou à Palm Beach, complets élégants et toilettes luxueuses, le dessinateur croque avec un plaisir certain l’aura qui entoure ce clan mythique. Par contre, vue la quantité d’informations à caser (les conséquences de la douloureuse montée du nazisme, la victoire de Franco en Espagne, etc.), il a dû faire des choix et le découpage s’en ressent. Si les scènes de coups de téléphone permettent facilement de faire avancer le récit, elles sont aussi passablement monotones. Ce petit bémol secondaire accepté, la lecture s’avère réellement prenante.
Biographique évidemment lacunaire, mais sérieuse et dotée d’une superbe réalisation, Les dossiers Kennedy devrait séduire autant les amateurs de géopolitique que de potins « people ».
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