1933. Dans l'atelier du sculpteur Franz Meinhert, les membres de l'«Allemagne secrète», créée par le poète Stefan George, dissertent sur la gangrène qui a envahi l'esprit germanique depuis la défaite humiliante de 1918. Les moyens de se redresser et de restaurer la fierté ne sont pas légion ; vénérer les mythes fondateurs comme celui de Barberousse, des Romains et du Chevalier sans peur et sans reproche dynamise certes les pensées, mais cela demeure abstrait. Pourquoi ne pas intégrer le parti nazi ? Cette solution divise le groupe. Cependant, Claus Von Stauffenberg y croit, c'est pourquoi il va s'engager corps et âme, jusqu'à ce qu'il comprenne la tournure monstrueuse que prend le troisième Reich. Se pose alors pour lui un dilemme crucial entre sa conscience d'homme et son devoir d'Allemand.
Thomas Oswald (Suis l'homme en blanc, Charles De Foucauld) analyse et décrit le mécanisme de la conspiration de 1944 contre Hitler et place le lecteur en son cœur. Même si le ton didactique employé tout le long de l'ouvrage empêche l'envolée du récit - le cantonnant au niveau d'un documentaire -, celui-ci se révèle relativement bien documenté, détaillé et intéressant. Autre petit couac, les transitions ne sont pas toujours évidentes et des explications supplémentaires sur le contexte n'auraient pas été superflues, notamment concernant l'identité des personnalités historiques, nombreuses. La torture spirituelle du héros est palpable, l'auteur mélangeant judicieusement les scènes intimes aux évènements officiels. Il explique d'ailleurs s'être concentré sur un petit échantillon de personnages afin de ne pas disperser la porté du témoignage et diluer l'intrigue.
Philippe Chapelle (Harry Dickson) propose un dessin en noir et blanc peu séduisant qui réduit l'impact qu'aurait pu avoir un tel sujet. Assez maladroit et figé, le trait sous forme de crayonné renforce cet aspect d'ébauche. Malgré le soin apporté aux visages, il persiste une étrange impression générale que les protagonistes sont sur un autre plan que les décors. Pas beaucoup d'initiative dans le découpage, le classicisme est de mise, engendrant en cela une pointe de monotonie.
Hitler doit mourir : un focus dense d'un intérêt certain, desservi cependant par un graphisme peu attrayant et une narration scolaire. Ce témoignage de la résistance face à l'innommable s'avère pourtant essentiel.
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